PARIS, par Charles-Éric Perrin Gimet
Xavier Adrien Laurent, de son vrai et long prénom, nous embarque dans une aventure délirante.
Tout commence dans le 6e arrondissement de la capitale, au cœur du quartier Montparnasse ; c’est au Lucernaire que tout va se produire.
Un lieu historique où se perdent nos plus évidents repères.
Ici on y mélange cinéma, théâtre, photographie et gastronomie.
Ici on entre dans un nouvel extérieur, un nouveau monde d’art et d’artiste.
Alors, quand on nous invite à prendre place, on ne sait plus ce qu’on s’apprête à voir. Et 1h15 plus tard, quand on en ressort, on continue d’hésiter… mais au moins, on a ri.
Hugo jette les armes et XAL les ramasse
La scène s’ouvre… le spectre de Victor Hugo apparaît, lentement, fier, dans sa chemise à jabot, et déclame, l’air grandiose, « Ô, combien de marins, combien de capitaines… » puis s’arrête. Il tente de se reprendre, en vain. Hugo jette les armes, et XAL les ramasse. Le spectacle prévu n’aura pas lieu.
S’inspirant de son parcours, il « aime depuis toujours mélanger les univers, car peu de gens, au final, connaissent la poésie et le théâtre classique ». C’est donc à sa façon que XAL détourne ces grands textes qui, bien loin d’uniquement les désacraliser, sait aussi les rendre plus évidents.
Il jongle avec Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, littéralement. Il fait se rapprocher Hugo et I AM avant de s’imaginer jouer du Shakespeare au milieu d’un stade et de ses supporters.
Il brise les codes du théâtre classique en usant pourtant de ses propres textes, le tout « pour donner une plus juste valeur de l’enjeu du travail de l’acteur, du travail des artistes ». Et quel travail !
Pendant plus d’une heure XAL ne s’arrête pas. Entre tirades au français irréprochable, poésie pure et stand-up au fort accent du sud, la performance est impressionnante.
Alors que nous le rencontrons, il nous confie que « dans ce spectacle, se joue tout ce qui n’est pas moi particulièrement mais ce qui nous anime tous en tant qu’artiste, et ce qui anime aussi mon personnage : la volonté de transmettre, de partager ».
Vous l’aurez compris, XAL est engagé et c’est en cela qu’il se révèle.
Il tient parfaitement son univers et sait nous inviter à entrer, d’abord comme simple spectateur puis parfois comme véritable acteur de la pièce ; le public, lui aussi, est investi.
Xavier Adrien Laurent joue et nous captive par cette immense force qu’il sait donner au phrasé. On l’écoute. On regarde ce corps s’agiter dans une juste décadence. On apprécie.
Outre une maitrise évidente des codes du théâtre, l’artiste en scène est très justement drôle.
Les amateurs d’humour plus potache pourraient avoir du mal à trouver leurs repères mais c’est sans compter certaines habiletés capables de faire s’éveiller les esprits les plus réservés.
Au Lucernaire jusqu’au 6 octobre, Xavier Adrien Laurent nous présente, son premier show… one-man-show, non, sa première pièce… bref, son spectacle, qui, au moins pour le texte… et l’acteur, mérite, et de loin, d’être (re-)vu.
* Crédits photos : Charles-Éric Perrin Gimet/AKA
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