(Cet article fait suite à plusieurs billets de différents créateurs que j'ai pu lire, et une sorte de ras-le-bol général concernant les créateurs/artisans en ce moment)
Je suis persuadée qu'il existe une place spéciale en enfer pour les plagiaires et les gens aimant vous poignarder dans le dos.
Alors non, je ne parle pas de ce que nous avons tous fait un jour, c'est à dire nous inspirer de - voire copier - quelque chose qui nous plaît réellement (par exemple : fabriquer un sac boîte comme ceux d'Olympia le Tan parce qu'on n'a pas tous le PIB du Bénin à mettre dans un sac) ou ces vilains petits mots glissés à l'oreille (nous sommes tous médisants, c'est un fait). Non non, ce dont je veux parler, c'est le plagiat pur et simple, la copie de modèles vendus par des créateurs, et la médisance visant à détruire la réputation et/ou le travail de quelqu'un. (et c'est mal).
Je suis un peu une oie blanche en ce qui concerne ce genre de problèmes. Je suis un peu trop bonne trop conne en général, je fais un grand sourire et je serre les dents. Mais là je n'en peux plus. Je ne suis pas forcément personnellement touchée par le plagiat, mais j'ai des amies créatrices qui en font actuellement les frais, et je trouve ça pitoyable. Quand on sait que c'est leur métier (dans le sens : elles ont les qualifications pour), qu'elle font ça de chez elles, et que c'est leur source de revenus, ça me rend folle de savoir que certaines, arrivées de nulle part, pratiquant la couture en tant que hobby depuis moins d'un an, copient bêtement leurs modèles ... dans un but promotionnel et lucratif, cela va de soi. Parce que la couture, ça ne s'invente pas. Je m'excuse d'avance d'avoir l'outrecuidance de penser que je puisse m'y connaître quelque peu en textile (et en mots de quatre syllabes), mais il me semble pouvoir aisément reconnaître celles qui savent de quoi elles parlent, et les autres. Bref, la technique ne s'invente pas, le savoir-faire n'est pas acquis en recopiant des patrons Burda, ou Vogue vintage, et la connaissance des matériaux ne se limite pas à Rougier&Plé, pourvoyeur de feutrine et boutons de scrapbooking. Avoir un hobby, c'est chouette, je suis la première à encourager les gens, j'ai même souvent donné des conseils/daté des pièces/donné des relevés de patrons, comme ça, pour être sympa, mais il y a une GRANDE différence entre loisir et métier. C'est cool de faire des robes pour soi, éventuellement pour les copines, mais c'est autre chose de vendre, et de casser le marché avec des prix irréalistes en matière de temps/matériaux/charges par rapport à ceux de ceux qui en vivent. Ce n'est pas de la cupidité, c'est juste qu'il faut bien rentrer dans ses frais, payer son loyer, nourrir sa famille. Rien de très fou en somme. Allez, je vous donne même un exemple en chiffres :
- loyer du BBB headquarters : 600 euros (c'est aussi mon chez moi, je fais donc 50/50)
- frais de "matière première" (en moyenne, sur un mois) : 350 euros
- frais "divers" (courant, internet, transports ...) : 150 euros
- charges imposées par l'état : 38% de mon CA
J'ai donc 1100 euros de frais fixes par mois, incompressibles. Il faut donc que je fasse 1100 euros + 38% de N ( N étant mon CA) pour juste être à l'équilibre, et je ne me suis pas encore payée. Donc en gros, 2000 euros de chiffre pour être juste "viable". Et rien dans ma poche. Jusque là, j'ai mangé pas mal de patates et de riz, mais je persévère (je suis maso, oui oui). Les artisans sont loin donc loin de rouler sur l'or, sachez le.
J'ai aussi du mal avec l'excuse "mais c'est rétro, je copie personne". Yeah, right (insérez un peu de sarcasme ici). C'est quand même fou qu'au même moment, il y ait un choc télépathique entre les personnes, et qu'elles décident tour à tour de faire les mêmes modèles. La science, c'est génial. C'est vrai que les patrons vintage se ressemblent, sont en vente libre, mais quid d'une coupe identique, de détails identiques ? Et ce, plusieurs fois de suite. La différence se ressent au niveau de la technicité et des finitions, et heureusement.
Au delà du point de vue moral, ce qui me choque, c'est la non considération du métier de créateur. Si certains ont pensé se faire facilement de l'argent en faisant une boutique Etsy ou en revendant du vintage, hé bien ils se trompent. Etre à son compte est à peu près aussi fatiguant et prenant que d'être salarié, sans le salaire, mais avec aussi les responsabilités d'un patron. J'imagine qu'ils s'en rendent compte à présent, et que les gens de sont pas dupes. Une quelconque notoriété (relative, n'oublions pas que c'est une clientèle de niche), un site en vogue et une grande bouche (surtout pour du drama et monter les gens les uns contre les autres) ne feront pas de vous un artisan respecté. Le travail, si.
Du coup, ça me permet de vous annoncer les règles du jeu pour septembre à l'atelier :
- Je change de statut juridique, ça ne change rien pour vous, mais pour moi si (moins de charges)
- Je ne prendrai que DEUX commandes sur mesure pour les particuliers par mois maximum, le minimum de commande est de 350 euros. 30% d'arrhes sont demandés à la commande, non remboursables dans tous les cas. Le reste est exigé à la livraison. (Oui c'est cher, oui c'est le prix qui permet que ce soit rentable, et oui ma Rolls Royce (mon vélo) et mon manoir (mon 3 pièces) me coûtent cher)
- Pour les professionnels, tous les travaux sont dus intégralement à la validation du devis, sauf accord préalable (crédit client validé par mon assurance et/ou aucun retard/souci de paiement dans les 6 mois précédents). Je me réserve le droit de garder la marchandise et de faire suivre à un organisme de gestion de contentieux si non paiement après 60 jours.
- Je n'effectue plus de retouches, de modifications, de "petits travaux" de couture, vous n'avez qu'à porter des vêtements à votre taille.
Et voilà :) Je vais très rapidement mettre une version complète sur le site de l'atelier.
Sur ce, bonne rentrée !!