C’est une étude qui date de 1994 et qui est republiée en 2013, accompagnée d’un avant-propos et d’une postface écrits pour l’occasion. La lecture de ce livre est éclairante pour comprendre la situation des femmes d’Afrique subsaharienne, les situations faudrait-il écrire tant les choses sont différentes selon les endroits, du Sénégal à l’Afrique du Sud, du Kenya au Congo, vie rurale ou urbaine. L’ouvrage cherche à saisir la part des usages coutumiers ayant précédé la colonisation et le rôle de cette colonisation dans le statut des femmes. On y voit que le « message colonial de sujétion de la femme » a renforcé le rôle oppressif des règles coutumières. Et qu’il a fallu beaucoup de courage et de solidarité aux femmes pour accéder à une certaine autonomie, pour être respectée dans des sociétés qui les préféraient invisibles, pour conquérir aussi une sexualité où elles ne soient pas seulement considérées comme force « de production et de reproduction », pour qu’elles fassent pleinement « partie de la société ». Les Africaines ont eu la vie dure, elles l’ont encore. Les études sur lesquelles s’appuie l’auteure sont nombreuses et proviennent non seulement d’historiennes et d’historiens francophones et anglophones, mais aussi d’Africaines et d’Africains qui savent que connaître cette histoire permettra d’envisager les possibilités d’évolution des sociétés du continent.