J'ai fait pipi à 11 kilomètres d'altitude

Publié le 02 septembre 2013 par Desfraises


Par deux fois dans l’avion me conduisant à Melbourne, je me suis rendu ridicule. Il paraît que le ridicule ne tue pas, alors je m’y suis souvent aventuré. Me flattant l’arrière du crâne, - les 24 heures de voyage permettent ce genre de fantaisies, elles m’ont aussi permis de bavarder avec mon voisin javanais, de le déranger une bonne cinquantaine de fois - pour une pause pipi ou pour me désaltérer ou me dégourdir les jambes, d’ouvrir le hublot autant de fois qu’il le fermait.
Me flattant donc l’arrière du crâne, je découvre trois quatre cheveux que ma tondeuse, la fourbe, a oubliés. Horreur et putréfaction. Je profite d’une de mes promenades à 11 277 mètres d’altitude pour emmerder (solliciter l’aide de) la charmante hôtesse de Malaysia Airlines. Soit dit en passant, j’aime l’uniforme turquoise orné de fleurs exotiques entrelacées de motifs à la Tétris. Ça change de l’élégance austère affichée par Air France. La pauvre, qui répète mille fois coffee or tea ? ou Chicken with prawns or omelette with cheese ? Pourquoi je veux des ciseaux ? Je marmonne le récit de la mèche rebelle. Mais en guise de coup de main, elle me propose un regard rieur agrémenté d’un Sorry Sir, we don’t have any scissors. Et, suivie d’une passagère dont j’ai capté l’oeil agacé dans le rectangle non recouvert de tissu noir, mon hôtesse de l’air chemine, poussant son chariot et répétant inlassablement les mêmes gestes, les mêmes phrases, le même sourire élastique.
C’est au comptoir de la boutique duty free en escale à Kuala Lumpur que je tente de nouveau ma chance. Quand j’ai une idée derrière la tête (en l’occurrence une mèche en situation irrégulière), je ne l’ai pas ailleurs. Alors que je lui délivre le récit de ma tondeuse indélicate, elle ouvre des yeux écarquillés et porte sa main à sa bouche pour masquer un rire en cascade. Quitte à être ridicule, autant rire avec elle. Non, elle n’a pas de ciseaux. Mais si j’allais renouveler ma demande auprès des agents de sécurité, ils mettraient certainement un terme à mon petit drame capillaire. J’ignore pourquoi, mais j’ai hésité.
À suivre...