"Benjamin" de Florent Marchet

Publié le 01 septembre 2013 par Leunamme

D'une manière générale, et à quelques exceptions prés, la pop hexagonale m'ennuie ferme. Soit elle n'a rien à dire et le fait en anglais et la plupart du temps sur des mélodies qu'on a l'impression d'avoir déjà entendues mille fois. Soit les musiques sont un peu originales mais alors il vaudrait mieux que les chansons soient en anglais. La plupart du temps, à part leur nombril et la passion amoureuse totale mais malheureusement impossible, ils n'ont rien à ranconter.

Seulement, de temps en temps, il y a une petite pépite qui nous arrive, sortie de nulle part ou presque et qui vient nous rappeler que la pop de qualité se fait aussi dans la langue de Molière. Ce fut le cas avec le troisième disque de Florent Marchet, "Courchevel" (le quatrième en fait, puisqu'il a aussi publié un livre-cd en collaboration avec l'écrivain Arnaud Cathrine). Les deux opus précédents m'avaient échappé. Salués par la critique, ils n'ont pourtant pas rencontrés le succès escompté, ce qui a valu à Florent Marchet de se faire remercier pas sa maison de disque. "Courchevel" sera donc autoproduit.

Des mélodies simples, mais douces et jolies. Guitares et claviers la plupart du temps, puisque faute de moyens, il renonce aux cordes et à certains arrangements qu'il aurait souhaité. Qu'à cela ne tienne, il y a un petit côté artisan sur l'album plein de charme. Surtout, il y a les testes. Voilà enfin un auteur, qui sans être engagé, ausculte le monde d'aujourd'hui avec finesse et précision. S'il parle parfois de lui, c'est surtout sur ses contemporains que Florent Marchet à des choses à dire.

Ainsi avec "Benjamin", superbe chanson, qui parle de ces trentenaires ou plus qui dans leurs têtes n'ont jamais dépassé les vingt ans. Ces gens-là, incapables de s'insérer dans une société ou tout n'est qu'apparence et compétition, on en connaît tous autour de nous. Par certains aspect c'est même un peu nous. Ce que Marchet chante, c'est la difficile acceptation de la différence par la société.

J'aurai pu choisir d'autres chansons de l'album (j'aurai même pu parler de tout l'album, mais cela demandait du temps et du courage, et aujourd'hui, je n'ai ni l'un ni l'autre), peut-être encore plus belle, plus pertinentes sur sa vision de la société (quoique celle-ci soit très bien), mais je suis resté sur "Benjamin", parce que si la chanson est chouette, le clip est lui aussi formidable. En outre, il a été réalisé par Artus de Penguern, acteur et réalisateur de génie (souvenez-vous, l'écrivain raté, dans "Amélie Poulain", c'était lui), injustement méconnu, et je voulais lui rendre hommage.