[Critique] THE INNKEEPERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Innkeepers

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ti West
Distribution : Sara Paxton, Pat Healy, Kelly McGillis, Lena Dunham, Alison Bartlett, George Riddle, Brenda Cooney…
Genre : Épouvante/Horreur
Date de sortie : 28 août 2013 (DTV)

Le Pitch :
Deux employés d’un vieil hôtel, condamné à la démolition, tentent de lever le voile qui entoure la supposée présence d’un fantôme dans les couloirs de l’établissement…

La Critique :
Les films de fantômes ne manquent pas. Dans le lot, peu se détachent car au fond, le style attire les opportunistes qui se disent qu’avec pas grand chose, on peut probablement surfer sur la vague et fournir deux ou trois sursauts en carton histoire de justifier une histoire débile. Paranormal Activity et ses suites ont notamment ouvert la porte à ce genre de navets. Peu importe le scénario, ce qui compte, c’est de faire surgir un truc furtif de temps à autre et de finir en fanfare, à n’importe quel prix. La peur, la vraie, ne pointe jamais le bout de son nez et on s’emmerde tout du long.
Néanmoins, des cinéastes comme James Wan abordent le genre avec un respect qui lui même force l’admiration. Insidious ou récemment, Conjuring, ont prouvé qu’il était encore possible d’avoir peur devant un film, sans avoir nécessairement à revenir vers les grands classiques de la terreur inoxydables.
James Wan sait s’y prendre, c’est certain. Heureusement, il n’est pas le seul. Ti West aussi, sait très bien ce qu’il fait, comme le prouvent ses premiers films, comme The Roost, et le terrifiant The House of the Devil. Et tout comme The Innkeepers, son dernier long-métrage en date (depuis, il a tout de même réalisé un segment de V/H/S et de The ABCs of Death), enfin disponible chez nous, directement en vidéo.

Évoluant dans le circuit indépendant, Ti West dispose donc de budgets beaucoup moins conséquents que ses collègues chéris par les grands studios. À l’instar de ses précédentes productions, The Innkeepers bénéficie donc d’un traitement assez intimiste. Huis-clos se déroulant dans un hôtel pittoresque, le film ne met en scène qu’une poignée d’acteurs, dont Sara Paxton et Pat Healy, qui pour leur part tiennent les rôles principaux, à avoir ceux des employés confrontés à l’entité fantomatique vedette. Avant de continuer, parlons justement des acteurs.
Outre la joie de retrouver Kelly McGillis, autrefois témoin d’Harrison Ford dans Witness et girlfriend admirative de Tom Cruise dans Top Gun et désormais plus rare, mais tout autant talentueuse (elle était aussi dans le surprenant Stake Land), on salue la performance du duo formé par Sara Paxton et Pat Healy. La première a fait beaucoup de choses depuis ses débuts et ce malgré son jeune âge. Elle chante, joue la comédie à la télé et au cinéma, et souvent, dans des trucs pas terribles. Ici, elle brille. Ti West exploite la pureté de son visage angélique et la naïveté et l’innocence qui s’en dégagent. Bien dirigée, l’actrice met les apparats et la superficialité de côté et rappelle qu’elle n’est pas qu’une énième blonde au physique de rêve. De plus, et ce n’est pas rien, elle joue la peur avec une conviction tout à fait contagieuse.
En face, le trop méconnu chez nous, Pat Healy fait lui aussi preuve d’une pertinence bienvenue. Vu dans de nombreuses séries télé comme 24, Six Feet Under ou Grey’s Anatomy, l’acteur qui a récemment fait monter la pression dans le terrifiant Complicance, explose dans le rôle d’un geek un poil sarcastique et touchant, parfait contre-poids de sa partenaire et lui aussi convainquant dans la frayeur, rappelant un peu un jeune Bill Murray.
À eux deux, Sara Paxton et Pat Healy forment un tandem au naturel confondant, qui encourage l’identification et l’immersion. Sans avoir recours aux artifices faciles, même si il s’autorise de petites incursions dans un humour dosé, The Innkeepers parvient à créer une véritable ambiance. Quand intervient le fantôme, les frissons sont au rendez-vous grâce à une mise en scène prégnante et pénétrante. Ti West (également au scénario) prend son temps. Son film est lent, mais dans le bon sens du terme. Au final, le climax, intense, fait mouche, tout comme les quelques accents fulgurants qui jalonnent le récit. Comme par exemple quand Sara Paxton se réveille aux côtés d’une apparition fantomatique aux traits monstrueux.

Dans son coin, Ti West continue de tracer son chemin, loin des autoroutes balisées. Avec une honnêteté cruciale, il réalise à nouveau un film qui est destiné à rester. Un vrai film d’épouvante à l’ancienne. Un trip qui fait peur et qui fera donc plaisir à des amateurs trop souvent floués et frustrés.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : TF1 Vidéo