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WhoTheFuckAreYou vs. Crystal Castles

Publié le 01 septembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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C’est par une douce, fraiche et humide soirée que l’on fait route vers la forêt, enchantée l’espace de quelques jours, et se mouiller le bout de la truffe pour une expérience relativement unique. Dès l’entrée, il vous suffit de suivre les courbes de la butte qui servira plus tard de piste d’envol aux plus téméraires et de vous engouffrer dans le mince couloir qui vous conduit à LA scène du festival. « LA » est écrit avec de grosses lettres non pas pour vous signifier discrètement que « scène » est au féminin-singulier, mais plutôt pour vous préciser que le For Noise Festival est un hybride : mi-indoor, mi-outdoor – l’été est alors presque terminé.

C’est donc sur la scène que nous allons savourer la singularité féminine d’Alice Glass et Ethan Kath de Crystal Castles. Évidemment, et entre nous on pouvait s’y attendre, il a fallut qu’on tombe sur le groupe d’hurluberlus qui pensaient voir débouler sur scène un groupe de joyeux drilles, instruments basques à la main, chantonner « do you want to go to the plage with me ». Vous auriez dû voir leurs tronches aux premiers claquements de boite à rythme leur perforant le tympan.

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Le nom du groupe vient d’un château fictif du dessin animé She-Ra la Princesse du Pouvoir, ne nous demandez pas, il s’agit certainement de propagande américaine pour enfants. En 2003, Ethan Kath lance le projet et c’est en 2005 qu’Alice Glass le rejoint pour le chant. Leur premier tube est le théâtre d’un coup de chatte monumental lorsqu’Alice fait des tests et qu’on décide d’enregistrer. Mis en ligne sur MySpace sous le titre Alice Practice, les maisons de disques découvrent la perle et se bousculent pour s’offrir l’exclusivité de leurs basses.

 D’ailleurs, parlons-en de leurs basses. Mr Oizo, sur son arbre perché, se targue de créer sa musique en prenant les sons les plus inaudibles, de les compiler, d’en faire n’importe quoi. C’est pour cet argument relativement léger que nous préférons bien largement Quentin Dupieux, le réalisateur accompli, à Mr Oizo, le musicien-chercheur. Crystal Castles sont un peu au dessus, mais le dessus du dessus. Le groupe torontois vit très clairement dans la 2-D. Leur mélodies s’apparentent très fortement à un grésillement de Game Boy assourdissant, mélangé à un sonotone réglé sur haute fréquence vous transperçant la cervelle, agrémentées de billes de flipper cognant sur les cloches de vos tympans. Ajoutez par dessus une once de synthétiseur 8-bit sur lequel Pimp My Ride aurait greffé une boîte à rythme ballotant notre corps tout entier avant de le jeter de toutes ses forces contre un mur. Oui, le concert de Crystal Castles n’est pas pour tous publics. La scène enfumée laisse à peine entrevoir la silhouette frêle de la chanteuse contrastant avec une musique endiablée, techniquement bien calée. Alice Glass a la folle manie de balancer en l’air tour ce qu’elle touche, comme pour se débarrasser violemment d’un objet inanimé.  La performance vocale est à l’image de la chanteuse elle-même. Douce est lancinante, la fragilité agressive nous emporte dans un dédale de mélodies aussi bien berçantes qu’affolantes. Sans aucun répit, la performance s’arrêtera aussi brutalement qu’elle a commencé nous laissant ainsi dans un état de léthargie hyperactive.


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