Ces trois comédiens vont tenter pendant plus d’une heure de raconter comment, jusqu’à l’arrivée de Charcot, des femmes ont pu être emprisonnées et maltraitées sous le prétexte de l’appellation « folles ». Un spectacle qu’on pourrait presque qualifier de récit historique, et qui rappelle la condition de la femme dans certains pays, encore aujourd’hui.
Tour à tour, les acteurs prennent en charge le relais de la parole. Une parole souvent clinique, incisive, qui leur permet, peut-être, de ne pas sombrer dans l’empathie. Quant à la jeune Julie-Marie Parmentier, elle permet, par sa seule présence, de corporaliser et d’individualiser magnifiquement la folie. Munie de quelques accessoires (bougie, voile, craie), elle propose de très belles images, qui, en écho au texte, créent réellement une trame dramatique et permettent d’entretenir la mise au présent.
Le décor est, par contraste, d’une grande sobriété : un plateau quasiment nu, des sièges en pierre répartis devant un mur de fond de scène peint en blanc jusqu’à la moitié de sa hauteur. Et pourtant, grâce à une création lumière intelligente et onirique, ce décor semble se transformer, créant des espaces plus intimes, ouvrant ou resserrant la scène, mais en gardant toujours cette chape de mystère englobant toute la pièce.
Corps, histoires, lumière, sons… Un spectacle qui joue sur de multiples langages, et qui garde pourtant son unité, et son étrangeté. Le titillement de tous les sens. Et voici que je me souviens maintenant de la remarque que j’avais faite à mon voisin en entrant dans la petite salle de la MC 93 samedi dernier. J’avais trouvé que se dégageait des matériaux du décor une odeur inhabituelle...
Par Aurélie Clonrozier
Les folles d’enfer de la Salpêtrière
Texte : Mâkhi Xenakis
Mise en scène : Anne Dimitriadis
- Théâtre de la MC 93 de Bobigny
Du 1er au 26 juin 2007
Réservation : 01.41.60.72.72
- ENSATT - Nuits de Fourvière
4 rue Soeur Bouvier, quartier Saint-Irénée, Lyon 5e
du 2 au 3 juillet 2007