1er septembre Le blues du curé Samedi jour de confesse et le curé a le blues, le confessionnal ne désemplit pas. Les gens confondent ce lieu de culte avec un photomaton. Elle a attendu dehors que s'ouvrent les portes de l'église, elle tient absolument à être la première. Elle soulève le voile, s'assied confortablement, oublie l'homme de foi qui patiente derrière la grille s'arrange les cheveux corrige son rouge à lèvres se repoudre le nez. Et le curé, lui, il bande. Sont-ce véritablement des conditions idéales à une repentance ? Elle débite des horreurs comme une liste de courses. Elle a téléphoné à son boulot en prétextant des règles douloureuses pour rester au lit jusqu'à midi elle a mangé quatre éclairs et trois religieuses avant d'aller se faire vomir pour sa ligne elle a volé un slip à dentelles et des porte-jarretelles assortis sans remord aucun avec son portefeuille plein elle a giflé le petit dernier uniquement pour le plaisir elle trouve qu'on vit bien mieux de l'autre côté de la rue. Sur le même ton et avant que l'homme en noir n'ait le temps de dire quoi que ce soit elle a débité trois Ave deux Pater comme on règle le psychanalyste, elle s'est dressée a soulevé le voile et a laissé à l'ecclésiastique en pleurs un sillage de Thierry Mugler.
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