Après le rapport sénatorial sur les déserts médicaux dont les solutions prônaient la coercition et la mise au pas des professions médicales, voici un nouveau rapport sur un tout autre sujet mais à la même finalité : l’ordre et la mise au pas, l’obéissance et l’organisation forcée. Baisse de la valeur du B, augmentation du coût des procédures de certification, multiplication des référentiels, regroupement à marche forcée… Litanie habituelle qui, depuis des mois, tel un bruit de fond, touche chaque profession médicale, chaque activité publique ou privée.
Au pays du chômage le ridicule et l’absurdité prospèrent…
Ainsi la suppression de milliers de laboratoires apparaît dans ce rapport comme une douce victoire « En biologie de ville, une tendance forte et rapide au regroupement des laboratoires s’est certes dessinée : ils sont passés en peu de temps de 3 800 structures à environ 1500 fin 2012 mais la réorganisation est pour l’instant essentiellement de nature juridique ». Il faut plus, plus de regroupement, à moindre coût, des usines à prélèvements pour une santé low cost dénominateur commun d’une politique qui se pare du masque de la qualité pour masquer son rictus comptable !
Et derrière, tout près, les mutuelles attendent, le cadeau est à leur portée…
Baisse autoritaire des tarifs, c’est ainsi, la cour des comptes l’a décidé, première étape de la déstabilisation. Nécessité de certification, 2e étape de la déstabilisation, les laboratoires doivent être aux normes, sous référentiels définis par la Haute Autorité de Santé, ils doivent obéir ! La parole est d’évangile, le rapport l’écrit : Ces référentiels ne sont pas assez nombreux et ils sont parfois contestés par les biologistes, ce que la Cour juge « parfaitement anormal s’agissant d’une préconisation de la Haute Autorité de Santé après étude scientifique ». Parole d’évangile et peu importe le travail du FORMINDEP et la mise en avant régulière des références inexactes, ou dangereuses et des conflits d’intérêt de leurs auteurs… La HAS est le nouveau TOTEM et tout le monde s’incline… le souhait d’une médecine de décérébrés…
Et derrière, les mutuelles attendent…
Si près que nous pouvons les entendre, si près que leurs propres mots, employés pour justifier les réseaux de soin, se retrouvent dans ce rapport : la qualité, l’égalité devant le soin, la normalisation, l’accès aux soins… Un même emballage pour un cadeau de plus, le rachat progressif des groupes de laboratoire qui, aux côtés des cabinets de radiologie, cabinets dentaires, des maisons de santé pluridisciplinaires, des établissements de soin de l’optique, viendront grossir et renforcer la filière et rendre le réseau complet. Un seul organisateur, un seul décideur, un seul financeur et une médecine à bas coût, pour garantir les bénéfices de la structure…Le cynisme est comme toujours présent, je laisse à votre appréciation cette dernière citation du rapport : « La place grandissante qu’occupe la biologie médicale dans le parcours de soins justifie les efforts importants qui restent à consentir pour que, dans un contexte de retour indispensable à l’équilibre des comptes sociaux, elle s’exerce dans les conditions les plus efficientes pour les assurés et les plus économes pour l’assurance-maladie. »
Biologistes, radiologues, médecins, dentistes, opticiens, il n’est plus temps de se demander si nous devons nous battre, il n’est que temps de nous préparer…Auteur : Dr Jérôme Marty, Président de l’UFML
Source : Newsletter de l’Union Française pour une Médecine Libre, 31 août 2013
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