1
Ce soir mon coeur fait chanter
des anges qui se souviennent…
Une voix, presque mienne,
par trop de silence tentée,
–
monte et se décide
à ne plus revenir ;
tendre et intrépide,
à quoi va-t-elle s’unir ?
–
2
Lape du soir, ma calme confidente,
mon coeur n’est point par toi dévoilé ;
(on s’y perdrait (peut-être,) mais sa pente
du côté sud est doucement éclairée.
–
C’est encore toi, ô lampe d’étudiant,
qui veux que le liseur de temps en te34mps
s’arrête, étonné, et se dérange
sur son bouquin, te regardant.
–
(Et ta simplicité supprime un Ange.)
–
3
Reste tranquille , si soudain
l’Ange à ta table se décide ;
efface doucement les quelques rides
que fait la nappe sous ton pain.
–
Tu offriras ta rude nourriture,
pour qu’il en goûte à son tour,
et qu’il soulève à la lèvre pure
un simple verre de tous les jours.
–
Premiers poèmes de Vergers, de Rainer Maria Rilke, Poésie / Gallimard
Clin d ‘oeil particulier, en ce 1er septembre, à un ami qui aime les anges.
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