L'UMP est tellement certaine de remporter haut la main les législatives que François Fillon se laisse aller à quelques dérapages envers ses adversaires. Ainsi selon le Premier ministre, le PS ne serait qu'une "gauche qui n'ose plus aimer la France qui considère comme déplacé d'en être fier", avant d'ajouter : "la gauche attendait le retour du passé et c'est l'avenir qui déboule. Le 6 mai, nous avons pris à contre-pied une gauche fatiguée, dépassée, bardée de certitudes et de préjugés, une gauche qui se faisait par avance une joie de nous caricaturer, de nous diaboliser". Si les propos de François Fillon ne sont pas une caricature et une diabolisation de l'opposition cela y ressemble fort… On le savait aigri et haineux envers Dominique de Villepin suite à son débarquement du gouvernement, il semblerait bien qu'il s'agisse en fin de comptes de son attitude naturelle face à quiconque ne partage pas aveuglement ses vues.
Sans doute porté par cette vague bleue annoncée, François Fillon annonce sa volonté de "poursuivre le nécessaire redressement des finances publiques, tout en respectant les engagements pris devant les Français"… tout en exonérant les heures supplémentaires, y compris de CSG, pour un total estimé à cinq milliards d'euros par an. Une somme proche de ce que devrait également coûter la déductibilité des emprunts immobiliers. Bref le projet de Nicolas Sarkozy qu'assure être capable de mettre en œuvre le Premier ministre, semble aussi bancal, si ce n'est plus, en matière économique que de lutte contre l'immigration…
Mais pendant que les électeurs s'apprêtent à communier le 17 juin dans la "France d'après" des dissensions commencent à poindre au sein de… l'UMP. Nombreux sont en effet les barons qui se verraient bien gérer la rue la Boëtie et le magot de financement public qui va avec. Fin manœuvrier, Jean-Pierre Raffarin, tout en lorgnant sur le siège de président du Sénat qu'il échangerait bien à Christian Poncelet contre un déambulateur a d'ores et déjà obtenu de Nicolas Sarkozy une mission sur la future gouvernance de l'UMP et défend l'idée d'une "direction collégiale de l'UMP avec un secrétariat général et un parlement du parti". Ce qui lui a permis de se porter candidat pour la présidence de ce parlement du parti. Une place sur laquelle louche également Renaud Dutreil depuis qu'il a perdu tout maroquin ministériel. Subtil comme toujours, il attaque à la grosse Berta l'ancien Premier ministre : "Jean-Pierre Raffarin propose une usine à gaz, avec un pouvoir bicéphale. Il s'agit d'une réforme ad hominem, qui lui permettrait d'exercer le leadership de l'UMP ne peux pas considérer qu'une réforme est légitime parce qu'elle obéit à une ambition personnelle". Et de préciser sa préférence pour "la création d'un poste de numéro un, que nous nommerions secrétaire général et qui serait entouré de deux vice-présidents délégués. Tout en restant fidèle au principe du triumvirat qui a fort bien réussi à l'UMP jusqu'ici". Si l'idée de Jean-Pierre Raffarin est une usine à gaz, comment qualifier celle-ci ??? Mais plutôt que d'assumer ouvertement son ambition Renaud Dutreil préfère introduire un nouveau candidat dans la course en assurant que Patrick Devedjian "serait effectivement un très bon candidat" pour être ce numéro un car "il a la légitimité pour exercer la fonction et il présente toutes les garanties de loyauté vis-à-vis du président de la République".
Belle performance de l'ancien ministre des PME qui propose un mode de fonctionnement à peu près aussi réaliste que celui des Verts tout en préparant un combat de barons digne des guerres répétitions des éléphants socialistes.