La soirée d'ouverture de L'Intime Festival (Voir notre billet d'hier) affichait salle comble ( et comblée) , ce vendredi 30 août, au Théâtre de Namur (Belgique)
Il faut avouer que le duo de lecteurs Benoît Poelvoorde - Laurent Gaudé avait de quoi attirer les quelque 750 spectateurs venus assister à cette première en la matière: répondant aux consignes de l'intime, Laurent Gaudé (Prix Goncourt 2004 pour Le soleil des Scorta) avait changé sa "palette" habituelle, composé et offert un texte Quatorzième qui, exceptionnellement et pour une part, relevait de lui, de son parcours intime. Et l'écrivain d'affirmer à l'envi que ce n'était pas son registre et qu'il n'imprimerait décidément pas à sa carrière la voie de l'autofiction.
De voix, il fut question, dont Benoït Poelvoorde affirma, en une envolée lyrique ...réussie, qu'elle était "le couloir de l'âme" et que lecteur et acteur confondus en sa personne lui accordaient une importance primordiale et la conviction qu'elle ne pouvait tricher.
" Il y a de la générosité dans ce partage de lecture que propose le festival" (Laurent Gaudé)
Après la lecture alternée de cette nouvelle d'atmosphère qui restera inédite - sur un tempo mesuré, sobre, côté Gaudé, ému, nerveux et galopant, côté Poelvoorde - le duo fut interviewé par Thierry Bellefroid. Décontracté et vigilant, tout simplement "pro" le journaliste imprima à la prestation un tour philosophique : il fut question de la place importante des morts dans l'oeuvre de Laurent Gaudé - ces morts qui nous "façonnent ", dont le lecteur rencontre les écrits - et de la part de l'intime dans les romans qui ne relevaient pas de l'autofiction.
Laurent Gaudé se prêta avec sincérité et précision aux questions qui analysaient son travail d'écriture, constatant que les moments d'ivresse de l'inspiration cédaient inévitablement place au travail ingrat de la poursuite d'écriture et relectures obligées.
Visiblement moins à l'aise dans le débat, Benoît Poelvoorde lança quelques facéties dont il a le secret, pour la plus grande liesse d'un public acquis. S'il cache son "intime" sous de la pudique bouffonnerie, Benoït Poelvoorde nous offre une nouvelle - et plaisante - voie d'accès à la littérature noble.
Un débat passionnant conclu par une standing ovation qui devrait rassurer son directeur artistique - Benoît Poelvoorde - sur la poursuite de l'expérience.
Apolline Elter
L'Intime Festival se déploie aujourd'hui et demain dimanche avec lectures et lecteurs prometteurs, Catherine Frot, Jaco Van Dormael, Edouard Baer, Tom Lanoye...
Programme disponible sur le site du théâtre de Namur