C’est une légende polynésienne d’après John Mairai.
Avec la hache magique ‘Ui’ura ‘qu’il faut frotter sur le dos de la grand-mère pour l’aiguiser, il s’en alla dans la forêt pour trouver son arbre, le trouva et l’abattit. Une fois l’arbre à terre, il se mit à couper les branches, et enlever l’écorce. Il était prêt pour être évidé, une tâche qu’il reporta au lendemain.
Quelle surprise pour Rata quand il revint au matin : l’arbre était debout, intact. Se doutant de quelque stratagème des esprits de la forêt, il abattit de nouveau l’arbre et fit semblant de s’en aller. Il vint se cacher dans un buisson et observa la scène. Le tuputupua, esprits de la forêt conduit par leur chef artisan Toahiti, s’étaient regroupés autour de l’arbre terrassé, et dansaient en chantant une incantation magique : « Vous les branches rejoignez le tronc ». Et les branches obéissaient. « Sève aqueuse de mon arbre, viens doucement, viens avec rage ! Gomme collante viens, dresse, dresse l’arbre ! Toi, l’arbre, dresse-toi, que l’arbre soit dressé ». Et l’arbre se redressa avec tous les dieux dans les branches.
Rata n’avait pas respecté la procédure en ignorant le Mana des forêts, les esprits sont venus remettre de l’ordre.
L’histoire se termine bien cependant pour Rata puisqu’il se fera connaître aux esprits de la forêt qui deviendront ensuite ses amis et compagnons de voyage. Ils participeront même à la construction de sa pirogue.
Pourtant Rata, décidément très distrait, oubliera de respecter la cérémonie du « faaimuraa vaa », celle où l’on fait boire la pirogue. Un baptême en quelque sorte. Et il verra sa pirogue couler comme une pirogue de pierre. Fort heureusement, la grand-mère viendra à la rescousse et Rata pourra enfin partir à la recherche de ses parents.
Aujourd’hui, nous sommes tellement loin de ces contacts avec la splendeur et le Mana des arbres, tellement loin.
Sabine