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Au commencement était la terre, limoneuse, parée de tous les attributs de l’Enfer. Au commencement était presque l’automne, sans doute, comme une envie d’en finir (déjà). Au commencement était la lumière presque grise, et froide, et terrible, sur ces multitudes, exsangues, qu’il eût fallu enjamber pour simplement pouvoir respirer. Au commencement était l’oubli, presque silencieux, de toute couleur qu’un arc en ciel (déjà) récusait pour de sombres motifs. Au commencement était le mensonge par omission. Et l’omission par indifférence. Et l’indifférence par inadvertance. Et l’inadvertance par ingratitude. Et l’ingratitude par ressentiment. Par vengeance. Et violence. Et haine féroce de toute palpitation (quelle qu’elle soit). Et du moindre mouvement. Et tremblement de l’air qu’envolent (déjà) voltiges de papillons. Et frémissement dissipé d’une paupière. Et capricieux battements de cils. Ombrageux duvet de ta peau. Et vertiges dans tes bras. Caresses et baisers qui jamais ne finissent. Au commencement était ce manque et cette embuscade, et cet écart, et ce nom imprononçable, définitivement clandestin. Au commencement était le narrateur. Quelques personnages. Une intrigue et de multiples péripéties. Au commencement était cette bizarre manière de vivre qui consiste à donner un titre au moindre rêve qui nous affranchit. Au commencement était ce miroir en nous, comme un infini retour à l’atome, aux particules foncièrement radioactives, aux poussières d’étoiles. Aux débris et cendres fumigènes. Au commencement était l’impossible, mes ami-e-s ! Vous m’écoutez ?