D’après la proposition Rubik de la Suisse, quelque trente milliards d’euros belges sommeillent sur des comptes suisses. Les critiques subodorent que cette estimation est en deçà de la réalité. Cela représente toutefois plus de 3.000 euros par Belge. Qu’est-ce qui incite nos compatriotes à placer leur épargne à l’étranger ?
Suisse
La Suisse est surtout connue pour son secret bancaire strict, sérieusement bousculé ces dernières années. Tout l’argent des comptes du pays des Alpes ne provient, certes, pas de fraudes mais le maintien du secret sur son origine est l’une des principales raisons pour y ouvrir un compte. Il s’agit surtout d’argent non encore filtré par le fisc mais aussi d’argent issu d’activités criminelles.
L’ouverture d’un compte en Suisse peut aussi représenter un investissement. Le franc suisse (CHF) offre souvent une planche de salut lorsque l’euro ou le dollar se porte mal. Voilà pourquoi de nombreux investisseurs se sont constitué une cagnotte suisse à titre de diversification durant la crise de l’euro. Un tel investissement est néanmoins parfaitement réalisable via une banque belge, par exemple en achetant des actions d’un fonds de placement ou des obligations cotées en CHF. Ou encore en souscrivant un compte épargne en CHF.
Les grandes fortunes effectueront directement ce type d’investissement auprès d’une banque suisse, qui leur demandera généralement un dépôt minimal. Les plus grandes sont UBS et Crédit Suisse, qui totalisent plus de 50 % du patrimoine des banques suisses. Chez UBS, il faut déposer au moins 50.000 CHF (environ 41.000 euros) pour pouvoir ouvrir un compte épargne ; certaines banques plus modestes acceptent des montants à partir de 5.000 CHF. Pour des services de Private Banking spécifiques, la plupart des banques exigent un million de CHF minimum. Ce n’est pas pour les intérêts qu’il faut vous rendre en Suisse. Un compte épargne ordinaire n’y rapporte pas plus de 0,375 %. Maintenant que la zone euro refait surface, les investissements en CHF perdent également de leur attrait.
Luxembourg
Au Grand-Duché, vous trouverez des Belges qui éludent notre impôt sur le revenu via une société de gestion, ainsi que de nombreux compatriotes disposant d’économies. Mais la Directive épargne de 2005 a rendu les ‘escapades-coupons’ inutiles. Depuis lors, en effet, le Luxembourg applique un prélèvement de 20 % à la source. Le secret bancaire y est aussi sous pression.
Pourtant, notre petit voisin conserve encore d’importants atouts. Ainsi, le Luxembourg offre une garantie intégrale sur les livrets d’épargne. En Belgique, elle demeure plafonnée à 100.000 euros. L’exonération fiscale des produits d’assurance y remporte aussi un certain succès. Enfin, les nombreux avantages liés à une résidence au Luxembourg peuvent inciter bien des Belges à s’y établir.