La vie meurtrière, roman de Félix Vallotton

Publié le 31 août 2013 par Mpbernet

31 août 2013

Une découverte, une pépite trouvée à la librairie du Musée d’Orsay …

Un petit livre qui ne vous lâche pas, un ovni littéraire, particulièrement bien écrit, avec des descriptions d’une précision de couleurs et de traits qui, finalement, n’étonne pas le lecteur puisque l’auteur est un des peintres du début du XXème siècle les plus reconnus, proche du mouvement des Nabis, et qui a renouvelé l’art de la gravure sur bois.

Félix Vallotton (1865 – 1925) ne vit pas la publication de son récit puisque « La vie meurtrière » fut publiée seulement en 1927. Le livre avait été écrit entre 1907 et 1908 sous un autre titre : « Un amour ». L’histoire est celle d’un jeune homme séduisant, Jacques Verdier, victime d’une terrible malédiction : il provoque tout à fait involontairement la mort de ceux qui lui sont proches. A part son aptitude au travail – il produit des critiques d’art puis un ouvrage sur la sculpture française au XIIème siècle, le héros est velléitaire, irrésolu, d’un égoïsme désarmant, totalement irresponsable. En un mot, tout à fait antipathique. Pourtant, son destin et ses malheurs, ou plutôt ceux qu’il provoque depuis sa plus tendre enfance, se succèdent avec une régularité infernale.

Et l’on se prend à espérer qu’un jour sera enfin brisé le cercle maudit, alors qu’il tombe éperdument amoureux d’une belle femme mariée et honnête mais qu’il parvient à séduire. Une seule fois. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Jacques Verdier en tire – c’est le cas de le dire – la seule conclusion possible en mettant fin à ses jours, non sans avoir mis ses affaires en ordre, réglé son terme et terminé les chapitres promis à son éditeur.

On présume de cette fin dès les premières pages, mais cette œuvre totalement inattendue d’un artiste de renom pour ses peintures – une exposition majeure sera inaugurée au Grand Palais à partir du 2 octobre – a cependant, dans sa construction d’une rigueur redoutable, toutes les caractéristiques d’un thriller, entremêlé d’un humour grinçant … d’un modernisme, malgré le classicisme de la langue, étonnant.

La vie meurtrière, roman de Félix Vallotton, édité par Libretto (Phébus), illustrations de l’auteur, 205 p. 8,70€