Les premiers chapitres décrivent l’état d’esprit de ce médecin qui détaille les pathologies de ses patients d’une manière qui fait froid dans le dos. La suite revient sur la rencontre entre le médecin et le célèbre acteur et sur cet été qu’ils ont passé ensemble dans une villa avec piscine, là où tout a basculé pour Marc Schlosser, sa femme et ses enfants. Si ce séjour estival lève progressivement le voile sur le mobile du docteur, Herman Koch en profite également pour multiplier les fausses pistes et mettre le lecteur sur la mauvaise voie.
Marc Schlosser est un personnage particulièrement ambigu, d’une part terriblement humain dans son rôle de père de famille, mais d’autre part totalement antipathique dans son rôle de médecin ou de mari. Si son bon côté explique certains de ses actes sans forcément les justifier, son côté plus sombre et amoral le rend détestable et va finalement lui revenir en pleine figure. Ce mélange de perversité et d’humanité est également présent chez les autres personnages masculins de cette fiction et force est d’ailleurs de constater que l’auteur ne met pas vraiment les hommes en valeur, alors que les femmes sont plutôt épargnées.
L’écrivain néerlandais ne livre pas seulement un portrait peu alléchant des hommes, mais s’attaque également avec beaucoup de cynisme aux milieux artistiques et médicaux. Le diagnostic de l’auteur n’est donc pas très positif et, comme si ce regard sans concession sur l’âme humaine ne suffisait pas, il s’appuie de surcroît sur les « vérités » d’un ancien professeur pour tirer quelques flèches particulièrement pointues sur les homosexuels et les femmes. Mais, la question principale posée par ce récit est: jusqu’où peut-on aller pour protéger ses enfants? Lorsque de vieux loups commencent à regarder sa fille aînée, Marc Schlosser voit rouge, mais voit-il encore juste?
Si l’histoire pourrait se résumer en seulement quelques lignes, sa construction fine nous tient en haleine. Maîtrisant son suspense avec brio, l’auteur oblige le lecteur à s’armer de beaucoup de patience pour obtenir toutes les réponses. Malgré de nombreuses digressions qui ralentissent parfois inutilement le rythme du récit et une mère de famille qui manque légèrement d’épaisseur, ce roman se dévore d’une seule traite !