De l’influence des rayons gamma sur le comportement (Bienvenue chez les Ch’tis ?)

Par Borokoff

A propos de Grand Central de Rebecca Zlotowski

Tahar Rahim et Léa Seydoux

Dans le Sud-Est de la France, Gary (Tahar Rahim), un jeune homme passé de petits boulots en petits boulots, est engagé pour travailler dans une centrale nucléaire, au plus près des réacteurs, là où les radiations sont les plus fortes. Alors qu’il est chaque jour un peu plus contaminé par les radiations et qu’il risque sa vie, Gary tombe peu à peu amoureux de Karole (Léa Seydoux), la femme de Toni. Quels seront les rayons les plus dangereux et les plus mortels pour Gary ? Ceux de la centrale ou d’une passion amoureuse interdite et tout aussi radioactive ?…

Troisième long-métrage de Rebecca Zlotowski après Jimmy Rivière (2011) et Belle-épine (2010), Grand Central est un film qui, disons le d’emblée, déçoit.

Inspiré d’un roman d’Elisabeth Filhol (La Centrale, sorti chez P.O.L. en 2010), Grand Central parvient pourtant à séduit dans sa première demi-heure par la tension érotique qu’il instaure et le jeu brûlant de son duo d’acteurs principaux, Tahar Rahim et Léa Seydoux.

Tahar Rahim

Mais assez vite, le film s’essouffle et tourne en rond, la faute à une certaine lenteur de la mise en scène, à un manque de rythme, à des répétitions dans le scénario. Rien à reprocher pourtant du côté des deux acteurs principaux, très convaincants et bien épaulés, il faut le souligner, par des seconds rôles et les personnages joués par Olivier Gourmet et Denis Ménochet (Toni).

Comme dans Jimmy Rivière, Grand Central décrit la vie dans une communauté sauf que cette fois, il ne s’agit pas de gitans mais d’ouvriers d’une centrale nucléaire. Etrangement, paradoxalement, la manière dont Rebecca Zlotowski s’attache à dépeindre ces hommes et ces femmes qui vivent ensemble dans un camping, à décrire et à observer les liens qui les unissent, la solidarité qui existe entre eux, a quelque chose d’agaçant qui échappe peut-être à la réalisatrice elle-même.

Les hommes ici sont dépeints avec un certain sens du cliché. Peut-être que la réalisatrice, tout en voulant montrer une certaine affection ou porter de la compassion à cette communauté, provoque l’effet inverse. Sinon, pourquoi ces personnages paraîtraient-ils aussi caricaturaux et antipathiques ? Ces hommes qui entourent Gary comme ses deux acolytes, ont un peu l’air de cas sociaux, entre leurs petites moustaches, leurs teintures de cheveux pas forcément au poil (facile, comme jeu de mots) et ces enfants obèses au regard vide qui gravitent autour d’eux…

Peinture peu reluisante, certes, mais pas très subtile non plus. On en revient aux enjeux du film, à cette passion interdite qui tourne un peu en rond ou tire en longueur comme vous voudrez. Passion irradiante dont la métaphore est toute trouvée avec le travail de Gary, à la Centrale nucléaire. Une passion qui brûle, mais pour le spectateur, qui finit surtout par ennuyer. Comme si ses enjeux s’étaient dissous, évaporés. Victimes, eux aussi, de ces satanés rayons…

http://www.youtube.com/watch?v=Q_59YPKdlbM

Film français de Rebecca Zlotowski avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet … (01 h 30). 

Scénario de Rebecca Zlotowski et Gaëlle Macé : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Compositions de ROB :