Rock en Seine s’annonçait comme un des festivals à ne pas rater en Europe cet été. Dix ans après sa création, l’édition 2013 a rassemblé 118 000 personnes sur les 4 scènes du parc de Saint-Cloud à Boul-Bi. Nous y étions. On vous raconte.
Vendredi
Il faisait beau, il faisait chaud. Par conséquent un premier arrêt fraîcheur aux stands des différentes marques de bières et spiritueux s’imposait. Un peu plus loin, chapeaux de paille et lunettes jaunes étaient offertes, histoire d’avoir la panoplie complète du festivalier. Mode touriste activé !
Il y avait aussi des concerts, à ce qu’il paraît. On est donc allé faire un tour à celui de Team Ghost, qui portent bien leur nom avec leurs guitares fantasmagoriques et leur rock noir et euphorisant.
L’agréable surprise du jour est venue des Anglais de Alt-J. Malgré leur son qui à la base ne se prête pas trop au live, les mecs ont tout donné et plutôt bien ambiancé la scène de la Cascade. Les frissons nous ont même atteint au moment des notes de piano sur « Something good ». Et en bonus, une adaptation de « Real hero » de College.
Après un arrêt remarquable au stand de charcuterie corse, nous voilà reparti pour le rappeur qui dézingue tout le monde en ce moment, notamment dans son dernier featuring avec Big Sean. Kendrick Lamar n’a pas eu de chance avec un des seuls soucis techniques du week-end. Accompagné de son crew, un batteur, un synthé et un bassiste, le mec nous a régalé mais s’est un peu reposé sur ses lauriers au refrain de « Swimming Pools ».
C’est alors que Franz Ferdinand a mis le feu à la grande scène, Alexander Kapranos dialoguant un peu en Français avec le public. Enchaînant les morceaux de leur dernier album tout frais « Rights thoughts, rights words, right action », les Allemands n’en ont pour autant pas oublié leur deux gros tubes, « No you girls » et « Take me out ». Puis c’est Paul Kalkbrenner qui a pris le relais au même endroit, exhibant fièrement son maillot du Bayern. Le DJ allemand a envoyé du gros son pendant une heure et demie. De la rave et du rêve.
Samedi
Les deux groupes de rock Nine Inch Nails et Black Rebel Motorcycle Club ont tous les deux un peu souffert de leur heure de passage sur la grande scène. En revanche, La Femme a surfé sur la vague du succès de « Psycho Tropical Berlin ». La surf-pop mystérieuse des Parisiano-Biarrots a déferlé sur la foule émoussée de la Cascade, en euphorie sur « Antitaxi » et « Sur la planche ». Avec en prime un solo de planche de surf sur le public.
Dans un genre totalement différent, plus soul et reggae, Patrice a aussi ambiancé la fosse reprenant ses refrains.
Le concert de Vitalic était une expérience assez spéciale. Avec batterie, clavier et un impressionnant jeu de lumières, les Français ont provoqué des vagues dans la foule. Imaginez-vous au milieu d’un tremblement de terre et d’une machine à laver en même temps, le tout dans un sauna.
Une rumeur aurait couru comme quoi les Daft Punk étaient présent en guest de Phoenix… Toujours plus, les gars. Comme on pouvait s’y attendre, le show de Phoenix était sans surprise, les Versaillais alternant les titres de leur dernier album plutôt décevant avec certains tubes des opus précédents, « Rome » ou « Lisztomania » entre autres. En simultané, Fritz Kalkbrenner, a ambiancé la scène de l’Industrie. Moins connu et pourtant meilleur que son frère Paul, sa house allemande est plus mélodique et chantante. Le cadet de la fratrie a contrebalancé la timide arrivée de la pluie par une lourde averse de beats, en mixant et en chantant en même temps. Propre.
Enfin, la journée s’est terminée sur le concert de Fauve. Non, on déconne, on n’y est pas allé.
Dimanche
La malédiction de la pluie dominicale à Rock en Seine a continué cette année, et a rendu le terrain un peu marécageux mais n’a nui en rien au show. Un peu dans la même veine que Florence and the Machine, la voix envoûtante de Ms Mr était parfaite pour commencer en douceur sur la scène Pression live. Dans un genre plutôt différent, MacMiller envoyait un flow dynamique, à l’aise du haut de ses vingt ans. Skip the Use a également été un bon live, mais permettez-nous d’émettre quelques réserves : d’abord, le slim rouge du chanteur Mat Bastard, mais on avait dit « pas les habits». Ensuite, le fait qu’ils fassent des dédicaces ouvertement à leur groupes préférés, Shaka Ponk, Justice entre autres ; affirmez-vous les gars, aucun artiste ne fait ça ! Mat Bastard que l’on retrouve quelques instants plus tard sur scène avec les Bloody Beetroots, allez savoir…
Les Bloody justement, cela a beau être un peu répétitif, à savoir une grosse montée en pression puis un retour au calme, on est quand même bien euphorique au milieu de la bondissante foule.
Major Lazer fut un des show les plus fous, bien qu’assez commercial. Diplo et son équipe ont vraiment mis le feu, alternant extraits de Nirvana et de Sean Paul, faisant monter une quinzaine de filles du public sur scène comme pour un casting de recrutement de danseuses. Major Lazer nous a aussi laissé songeur à l’idée de la création pour les années futures d’une élection de Miss Chagasse, qui récompenserait celle qui s’élève le plus sur les épaules de son copain dans la fosse.
Enfin, histoire de ne laisser aucun genre de côté et d’expérimenter un peu de tout, nous nous sommes laissés pousser les cheveux et le bouc pour aller faire un pogo à System of a Down.
La déception : Tame Impala
Pourtant fans inconditionnels du groupe de rock, nous avons un sentiment mitigé quant au show des Australiens. Même en jouant toutes les perles de leurs deux derniers albums, l’énergie dégagée n’était pas transcendante. « Allez, on va essayer quelque chose qu’on n’a jamais fait ! » Pourquoi pas, YOLO après tout. Sauf qu’entre leur prestation totalement immobile, et le chanteur qui se fait bouffer par le son un peu trop psychédélique, le résultat n’a pas été trop concluant. A leur décharge, on retiendra que jouer sur la grande scène tant que la nuit n’est pas tombée n’est pas un cadeau.
La révélation
!!! (prononcez Chk Chk Chk). Il faut parfois des années pour révéler un talent. Sur la petite scène, les Californiens ont magnifiquement clôturé la soirée du vendredi. En plus de leur énergie folle et de leurs basses groovy, le chanteur nous a gratifié d’un combo short de bain à fleurs/tongs qui se marie à ravir avec ses pas de danse disco maîtrisés.