C’est un truc tout de même super étrange l’humeur. Des fois elle bascule sans qu’on ait le temps de réagir et parfois sans qu’on comprenne sur le moment pourquoi elle a changé…
Ce matin, ultra bonne humeur. Levée tôt, ciel bleu, idéal pour une petite balade côté campagne de la ville (au bord de l’eau et pas loin des champs). Je me réjouis devant le spectacle des petits culs blancs* bondissant dans l’herbe (*c’est le petit nom que j’aime bien donner aux lapins, ils sont vraiment tout mignons, tout gris avec un petit pompon blanc en guise de queue), j’assiste aussi à un vol de cygne (impressionnant le bruit que font leur ailes à l’envol), les premières mûres sont prêtes à être dégustées et les mirabelles semblent aussi sur la bonne voie. Attention à toi Mary Ingalls, me voilà !
Si je me suis levée tôt c’est tout simplement que je rentre de chez Mister Nice qui lui a repris le travail depuis bien longtemps (pour moi ça sera lundi…) et c’est à lui que je dois cette bonne humeur. C’est comme ça à chaque fois qu’on se quitte, je me sens enveloppée dans un état un état de bonheur tranquille…
Et puis la promenade touche à sa fin. Lili Wood & The Prick dans les oreilles je rentre par le centre ville. Il est encore tôt, les rues sont quasi désertes, les vitrines encore closes. Je me sens encore bien. Enfin c’est là que tout bascule.
Comme quoi il me reste encore un bon bout de chemin à faire. Il aura suffi d’un seul fichu reflet dans les portes vitrées du centre commercial pour que je retrouve vite fait ma tête boudeuse et une humeur dépitée.
Via We Heart ItEt hop, les vieux démons accourent au galop. Je focalise immédiatement sur ma silhouette dodue, courte sur pattes, mes fesses plus que charnues et mes indomptables cheveux. C’est bien simple en ce moment je me fais penser à Mafalda…
Elle maligne la petite Mafalda !
Quelle cruche je vous jure ! Un reflet, une image, un physique tout simplement imparfait, assez banal en fait, avec une petite tendance boulette… Pas de quoi en faire un drame, pas de quoi me trouver subitement nulle ni le ciel moins bleu… Et pourtant c’est fou ce que cette satanée apparence arrive encore à me perturber et à empiéter sur ma bonne humeur. Quel gâchis !
Le plus rageant c’est que ce schéma se répète à l’infini, que j’en ai déjà parlé ici, que je sais pertinemment que cela se reproduira encore et que j’ai le plus grand mal à enrayer cette stupide mécanique.
Sur le papier ça a l’air tellement simple. Soit je travaille dur pour modeler mon physique jusqu’à ce qu’il me semble acceptable à mes yeux, soit j’arrête de d’accorder autant d’importance à mon apparence.
Concrètement il en va tout autrement. Dans le cas n°1, c’est la descente aux enfers assurée avec un retour "aux sources" du problème et aux troubles du comportement alimentaire, merci mais non merci !! Dans le cas n°2, ça demande tellement d’efforts et de travail sur soi que je me demande si j’en suis capable… Changer, prendre confiance en soi, s’extraire des normes de la société, ça prend du temps, vraiment beaucoup de temps. Ne pas baisser les bras et arriver à se remettre en selle après une chute. Cultiver chaque jour tout ce qui nous renforce…
Mouahahahaha ! Facile à dire une fois encore. Mais qu’est-ce que ça peut m’agacer quand je n’arrive pas à appliquer tous ces bons préceptes !
Ce matin j’ai lu avec intérêt et plaisir le billet de la fille h sur ses rapports avec son corps, les photos, son miroir ; article qu’elle clôture par un exercice de valorisation de soi déniché chez Princesse Guerrière "Body positive #1": lister son top 5 de nos qualités physiques majeures. (En plus j’aime beaucoup les séries de photos de look/style que PG poste régulièrement, ça aussi ça fait partie de ses actions "Body positive" et c’est juste génial !)
Je m’étais d’ailleurs déjà prêtée à ce type d’initiative en cherchant comment briser le "cercle des idées négatives" et retrouver le sourire ou encore en essayant le "jeu des 7 qualités" proposé par Lauren (Conseils d’une chieuse). Mais il faut croire qu’une fois de temps en temps ça ne suffit pas pour obtenir un effet durable.
J’aimerais pouvoir écrire et penser que plus jamais je ne me trouverai grasse, moche et nulle (et oui j’ai horreur de cette équation, mais elle reste bien ancrée dans ma petite cervelle "je suis grasse" = "je suis nulle", ce qui est un raisonnement aberrant et stupide évidemment). J’aimerais ne plus jamais me laisser bouffer par mes complexes et ne plus m’empoisonner l’existence pour ces questions futiles d’apparence.
Heureusement pour moi, je sais que je suis sur la bonne voie. Heureusement je peux voir le chemin déjà parcouru et ça me donne l’espoir de pouvoir encore avancer.