Le mur des disparus du 11 septembre 1973, une exposition organisée il y a dix ans (photo sous licence Creative commons Mar del Sur)
Encore quelques jours et ce sera le 11 septembre. Depuis 2001, nombreux sont ceux qui ne pensent qu’aux tours jumelles de Manhattan percutées par deux avions lors de l’attentat terroriste revendiqué par Al-Qaïda.
Mais le 11 septembre marque aussi la date du coup d’Etat de Pinochet au Chili. C’était en 1973, il y a quarante ans. Quarante ans que les bombes s’abattaient sur le palais présidentiel de la Moneda, en plein centre de Santiago, dans une action légitimée par le gouvernement américain. Quarante ans que le président Salvador Allende, démocratiquement élu, se suicidait dans une Moneda prise d’assaut et en flammes. Quarante ans que le Chili panse ses plaies.
Le Chili n’a pas encore fait le deuil de cette sombre époque qui s’est achevée en 1990 quand le "chef suprême de la nation chilienne" Pinochet a été contraint de lâcher le pouvoir ; un épisode historique relaté dans le film No, que nous évoquions il y a peu. Récemment encore, le 11 septembre a refait parler de lui. C’était au travers d’une rue, débaptisée "11 de septiembre" car elle avait été nommé ainsi en mémoire du coup d’état et non des victimes. Aberrant pour les habitants du Vieux-Continent, mais cela marque la distorsion des points de vue au Chili. Tout le monde ne jette pas la pierre à Pinochet, loin s’en faut…
C’est dans ce contexte que se préparent les commémorations du quarantième anniversaire. Pour le président Sebastián Piñera, il s’agit de ménager la chèvre et le chou. Chef d’Etat issu de la droite, le millionnaire a fait fortune durant l’ère Pinochet et a réhabilité quelques anciens fonctionnaires de l’administration Pinochet (en s’assurant tout de même que ces derniers ne pourraient être confondus dans des affaires douteuse). Le portrait du général ornait même certains QG de campagne du candidat lors de la présidentielle de 2010.
Comment, dans ce contexte, présider aux commémorations ? Des dents grincent déjà au Chili. Alors, le président en poste bûche sur un discours dans lequel il souhaite replacer le coup d’Etat dans son contexte historique. Selon ses équipes citées dans la presse, il s’agit de faire comprendre ce qui s’est passé dans les années 60 et 70 pour mieux cerner ce qui a conduit à l’établissement d’un "gouvernement militaire" durant 17 ans. Depuis quelques jours, Sebastián Piñera se serait même replonger dans les articles de l’époque pour en extraire des citations des leaders politiques d’alors et en émailler son discours.
Toutes les tendances politiques seront invitées à cette cérémonie – qui devrait se tenir le 9 ou le 10 septembre, la date n’est pas encore arrêtée – afin de lui conférer une authenticité républicaine. "Vérité, justice et réconciliation" prône, en boucle, l’exécutif.
Le sujet est des plus sensibles : selon un rapport rendu public en 201, 38000 personnes ont été torturées et plus de 3200 tuées ou disparues durant la dictature de Pinochet.
A noter, en France, le site La Francolatina recense les différentes commémorations sur le territoire. C’est à lire ici.