Durant le festival Electropixel#3, organisé sur l'Ile de Nantes par l'association APO33, Desartsonnants était invité chaque jour à proposer une balade sonore, ainsi qu'une rencontre avec les promeneurs écoutants, autour de cette pratique.
Au départ, plusieurs itinéraires sont envisagés.
A l'arrivée, c'est un seul circuit qui est proposé, devant sa richesse intrinsèque, les variations très sensibles d'un jour à l'autre, d'un public à l'autre.
Successions de galeries peuplées de touristes dont beaucoup d'enfants, réverbérantes à souhaits, de passages entre des entrepôts et ateliers déserts, d'une cour intérieure avec une fontaine, d'un parking souterrain, d'installations sonores en espace public dont une très belle de Rolf Julius... Tout y est pour le bonheur de l'écoute.
Marche lente, arrêt dans une entrée de garage dont la forme évasée donne l'impression d'être au fond d'un pavillon acoustique focalisant, dans une oreille géante, auscultation de fontaines, d'une paroi à bulles glougloutantes en collant l'oreille à la vitre, ventilation modulante cachée derrière un buisson, un parking où des voiture et piétons passent sur des grilles situées juste sur nos têtes, des situations d'écoute à mettre entre toutes les oreilles. ET bien d'autre difficiles à décrire.
Public d'artistes, de promeneurs non avertis, de visiteurs d'Electropixel, de 5 à 15 personnes, chaque journée est très différente dans les réactions, les discussions, les retours d'expérience des promeneurs...
Le vent change et forcit les deux dernières journées, on entend de nouveaux sons absents jusque là, des feuilles sèches glissent le long d'allées désertes avec des raclement qui dessinent un bel espace en mouvement, un arbre en pot chante et bruisse joliment en y collant l'oreille, et une fin de journée, les avions survolent le site très bas pour atterrir à l'aéroport voisin.
On consolide une communauté d'écoutants dont l'énergie est presque tangible, étrange cohorte ou secte silencieuse aux yeux des personnes croisées sur le parcours qui nous regardent dubitativement.
On construit ensemble une véritable installation sonore urbaine !
Le fait de parcourir 5 fois un itinéraire repéré me permet de mesurer à la fois les constantes et les variations sonores du site, d'adapter chaque jour, en fonction des ambiances, des événements, des publics, des découvertes fortuites, la façon de déambuler, de ménager des arrêts appropriés, d'écrire in situ un parcours qui déroule son histoire à fleur de paysage, à fleur d'oreille...