Deux décennies plus tard, après une traversée du désert pour la drum’n’bass, il semblerait que celle-ci revienne un peu en force dans les milieux autorisés. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas pour rien que, dans son tout dernier album sorti en 2011, la autrefois pionnière Björk a réutilisé ces sonorités typiques et inimitables en clôture de son premier extrait présenté en amont de Biophilia, à savoir sur le titre « Crystalline ».
Cette année, alors que très peu de véritables actualités ont vu le jour le concernant, Goldie a réuni plus de trois heures de musique sortie de ses entrailles lors de la période 1992-2012 et qu’il a soigneusement compilées pour nous. En trois disques distincts, forcément.
Le premier retrace d’abord la période Rufige Kru, et c’est le morceau d’ouverture « Malice in Wonderland », de l’album du même nom, qui l’emporte largement, et ouvre ainsi parfaitement The Alchemist. Une chose est certaine en tous cas, les sonorités sont totalement encrées dans les années 90. La fin du disque reprend un titre de chacun des deux premiers albums de Goldie, ainsi qu’un titre plus rare.
Le deuxième disque commence par une nouveauté, la seule, « Single petal of a rose ». La drum’n’bass de Goldie a mûri, c’est une évidence, mais ne renie pas non plus ses origines d’il y a deux décennies. Un très joli morceau, qui ne cherche ni à singer le passé, ni à révolutionner le genre : aucune ambition démesurée, juste une envie de faire les choses telles qu’elles doivent et peuvent être faites en 2013. Une parenthèse est faite avec deux nouveaux extraits du premier album de Goldie, le culte Timeless, au milieu desquels se trouve un titre sorti l’an passé sur un double single, « Freedom », continuant ainsi sur la nouveauté. Ça se poursuit jusqu’à la fin du disque avec d’autres titres de Timeless, de Rufige Kru, ou en collaboration avec J Majik ou 4 Hero.
Le troisième et dernier disque commence par deux titres de Timeless (oui, encore) respectivement dans une version edit et une version remixée par Doc Scott. D’autres remixes effectués par Armand Van Helden, MJ Cole ou Grooverider entre autres ; pour le reste, ce sont des titres que Goldie a à son tour remixés, d’artistes aussi divers que Garbage, Björk (sa compagne pendant les années 90), Ed Sheeran, Bush, Roni Size et DJ Die. Pour ma part et sans conteste possible, c’est ce dernier disque qui attire le plus mes faveurs et ma curiosité.
Au final, il ne s’agit pas de se leurrer, Goldie a voulu se faire plaisir en faisant plaisir à ses fans. Difficile d’imaginer un seul instant qu’un Best of sous forme d’un triple album avec trente-sept morceaux (!) puisse être destiné à un autre public qu’une audience initiée. Ce qui pourrait être un défaut, au départ, devient une force de The Alchemist : en trois disques, pour un prix très compétitif, chacun pourra choisir ce qu’il lui plaît d’écouter ou non, et j’insiste donc sur ce point : moi, c’est le troisième qui m’intéresse le plus. Mais la période Rufige Kru ne vient pas très loin car je ne la connaissais pas encore. Et vous ?
(in heepro.wordpress.com, le 29/08/2013)
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