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Scandal : Top of the Pope

Publié le 29 août 2013 par Lauramaz @LauraMaz

kerry-washington-scandal-season-3-poster-abcQuand il y a une crise à Washington, c’est à Olivia Pope que l’on fait appel et quand il y a une case vide sur la grille d’ABC, c’est à Shonda Rhimes qu’on la confie. Scandal, qui a débarqué sur les petits écrans américains en avril 2012 en remplacement de Private Practice (également de la susnommée Shonda, créatrice de Grey’s Anatomy), est la série qu’ABC cherchait depuis longtemps. Succès public et critique, le network a commandé pour l’automne une troisième saison. D’abord sans surprise, la série évolue vers un univers dans lequel les méchants et les gentils se confondent. A chacun sa part d’ombre et la frontière entre le bien et le mal s’estompe un peu plus à chaque épisode. Pour Olivia Pope et ses associés, rien n’est jamais noir ou blanc. Croquis d’une série pleine de nuances de gris.

« Je suis un gladiateur en costume. Parce ce que c’est ce qu’on est quand on travaille avec Olivia Pope. Veux-tu devenir un gladiateur en costume ? » Le décor est planté par l’entretien d’embauche de la jeune avocate Quinn Perkins (Katie Lowes – Brandy Buffkin/Easy Money), qui, comme nous, va rencontrer pour la première fois, celle qui est « aussi incroyable qu’on le dit » et qui vient de l’engager. Olivia Pope (Kerry Washington – Chelina Hall/Boston Justice) est une avocate spécialisée dans la gestion des crises à Washington D.C, ancienne conseillère en communication du Président des Etats-Unis, Fitzgerald « Fitz » Grant (Tony Goldwyn – Judge Baxter/The Good Wife), elle a démissionné et monté son propre cabinet, Olivia Pope & Associates. Quand un scandale est sur le point d’éclater, c’est elle que l’on engage pour l’étouffer. Son instinct est infaillible et ses méthodes même si elles frisent parfois la légalité, sont redoutablement efficaces.

Les gladiateurs en costumes. Plus que de simples associés, ses collaborateurs sont des disciples de Pope. Ils la vénèrent et suivent ses ordres sans jamais poser de question car tous lui doivent la vie qu’ils ont désormais. Mais au bout de deux épisodes cette obéissance aveugle devient un peu agaçante. Car si Olivia est effectivement très douée pour ce qu’elle fait, on aimerait savoir comment et pourquoi elle les a « sauvés ». Que ce soit Harrisson (Columbus Short – Darius Hawthorne/Studio 60 on the Sunset Strip) l’ancien avocat d’affaires, Abby (Darby Stanchfield – Shannon Gibbs/N.C.I.S) détective et amie d’Olivia ou encore le taciturne hacker, Huck (Guillermo Diaz – Nurse Angel Garcia/Mercy) aucun ne remet jamais en cause les choix de leur patronne.

Passe la seconde, Shonda. Scandal est une série qui met du temps à démarrer et à être appréciée. Parce que les premiers épisodes ne sont qu’une suite de clichés poussifs sur les politiques et leur relation au sexe et de situations plus qu’éculées dans les séries politico-judiciaires. Désormais habitués à fréquenter les arcanes du pouvoir, il n’y rien de nouveau pour tout ceux qui ont vu The Good Wife ou The West Wing. En terme de scénario, la série ne rivalise pas avec ses prestigieuses prédécesseures. Très vite, on est plongé au cœur de Shondaland et les thèmes mis en avant sont comme dans Grey’s Anatomy ou Private Practice, les amours impossibles, l’adultère et la difficulté pour les femmes de concilier vie privée et vie professionnelle. Cette courte première saison mérite néanmoins d’être vue pour ses deux derniers épisodes qui (enfin !) font passer la série au niveau supérieur. Les personnages que l’on pensait sans saveur dévoilent leur côté obscur et l’on découvre qu’il y a quelques tâches tenaces sur le chapeau blanc d’Olivia Pope. Même si la révélation du cliffhanger de la saison 1 n’est pas des plus surprenantes, elle a le mérite de faire décoller la série et de nous en apprendre un peu plus sur la relation d’Olivia et ses « gladiateurs » (à un moment, il va falloir arrêter avec ça, on se croirait dans Spartacus). Dés la saison 2, les cartes sont redistribuées et si les histoires d’amour contrariées sont toujours au centre de l’histoire. Politique et luttes de pouvoir prennent de l’ampleur et la série change de rythme. Comme pour Grey’s Anatomy, parce qu’on ne change pas une recette qui marche, les affaires qu’Olivia traite sont souvent le reflet de sa propre histoire et cette super-héroïne doit faire face à sa kryptonite. D’épisode en épisode, elle s’humanise, se fragilise et n’en devient que plus attachante.

Quelques nuances de Grey’s Anatomy. A plus d’un titre, Scandal est remarquable et marquera sans doute l’histoire de la télévision. Cela faisait 38 ans que la télé n’avait pas connu de série dont le personnage principal était une femme noire[1]. Contrairement à The Good Wife, la question raciale n’est pas un propos dans la série. Déjà dans Grey’s Anatomy, les personnages (à l’exception de Bailey qui était à l’origine une grande blonde aryenne, d’où son surnom de nazi) n’étaient pas déterminés racialement lors de l’écriture. Parce que Shonda Rhimes considère que ce n’est pas parce qu’elle est noire qu’elle doive justifier les origines de ces personnages. Elle veut juste raconter des histoires avec des personnages forts auxquels tout le monde peut s’identifier. On ne va pas se mentir, le réalisme est loin d’être prioritaire pour les scénaristes de Scandal. Difficile de croire que le chef de cabinet, républicain de surcroit, magistralement incarné par Jeff Perry (Thatcher Grey/Grey’s Anatomy), soit ouvertement gay et marié à un journaliste accrédité à la Maison-Blanche (Dan Bucatinsky – Jerome Sokoloff/Web Therapy) et que le Président le plus surveillé du Monde, puisse faire des allers-retours quand bon lui semble sans que personne ne le sache pour un booty-call. Mais pour le bien de l’histoire, on fait semblant d’y croire et ce qui nous intéresse, c’est l’évolution des personnages et de leurs relations. Dans la deuxième saison, tous vont montrer qu’ils sont loin de n’avoir qu’une seule facette. Même ceux que l’on pensait trop manichéens au début. David Rosen (Joshua Malina – Will Bailey/The West Wing), l’assistant du procureur se montrera prêt à tout pour que justice soit faite, quitte à franchir quelques limites et Cyrus (Jeff Perry) dévoilera toute son humanité dans une scène particulièrement émouvante, révélant les raisons de ses actes. Enfin, l’histoire d’amour centrale de la série, nous offre des scènes d’une rare intensité et la chimie entre les deux protagonistes est indéniable.

Les accros aux séries politico-judiciaires sont plutôt invités à regarder House of Cards parce que Scandal est à la politique ce que Grey’s Anatomy est à la médecine. Mais les tailleurs sont plus sexy que les scrubs[2] et le Bureau Ovale, plus excitant que les salles de garde. On le confesse c’est avant tout parce que Scandal est un bon soap qu’elle est addictive. Ce serait un péché pour les cathodiques pratiquants de ne pas devenir des fidèles de Pope.


[1] Get Christie Love ! (1974-1975) – ABC

[2] « Pyjama » réglementaire du personnel hospitalier



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