Je pense aujourd’hui que c’est parce que c’est un événement. Un événement artistique, il y en a pas tous les jours.Je parle de la peinture qui marque, de l’opéra qui fait date, du roman qui va devenir un classique et donc de la chanson qui va rester dans nos mémoires et qu’on créditera à l’auteur comme l’une de ses œuvres majeures.
Formidable est une chanson envoûtante comme il y en a une tous les 5 ou 10 ans. Un objet soigné et percutant. Sans doute que les accents de Brel qu’il y a dans ce Formidable ne sont pas étrangers à cette impression. Vous savez ces chansons de Brel qui fouaillent aux tripes à cause de cette adhérence entre les paroles et ce qui ressemble à un vécu, à cause de l’histoire qui nous est racontée, de cette douleur qui donne mal aux dents comme le disait aussi Brel.
Ce qui fait aussi l’événement, c’est l’audace d’avoir filmé en caméra cachée un Stromae ivre dans cette rue bondée de Bruxelles où passent les tramways. Ivre pour de faux mais c’était osé car tous les passants vont le reconnaitre.
Image écornée, spectacle affligeant, on imagine certaines des réflexions que se sont faites ces acteurs involontaires. On est pas dans le show maquillé où la vedette a fait de la chirurgie pour venir épouser la lumière du plateau. Il y a une mise en danger qui va même au-delà des petites provocations adjacentes aux sorties d’albums des artistes femmes américaines et françaises de plus en plus qui semblent tourner en rond et répéter l’antienne de la couverture nue de magazine ou de la photo osée publiée sur Twitter, Facebook ou Instagram.
Un coup. Un beau coup qui permet de réaliser une synthèse entre l’œuvre forte et les impératifs de la communication moderne.
Formidable !