A chaque belle saison, les hommes reviennent dans cet étrange village, tout en haut du mont Tonnerre, seulement peuplé de femmes. Elles, elles attendent leur venue sans impatience, en profitent pour mettre en route quelques bébés et les renvoient au loin dès que la mauvaise saison revient. L'une d'entre elles vit pourtant à l'écart, la Mano, plus loin dans sa triste maison. Elle est marquée pour toujours d'une tache au visage, et les hommes l'intéressent peu. Elle lutte seulement contre la maladie grise qui souvent cherche à la prendre, alors que les madous d'en bas se serrent les unes contre les autres, et s'entourent de couleurs et de parfums pour ne pas sombrer.
Lorsque Jo, le géant, apparaît, la revêche devient tout à coup tout sucre et tout miel pour ce grand gaillard, une ensorceleuse, et se prend à rêver de maternité...
Attention ! Ce premier roman de Véronique Ovaldé, que Points a eu la bonne idée de rééditer en poche, regorge de fantaisie lyrique. Comme un chant suave, ou un conte, il nous emmène loin de la réalité, dans un monde inventé, surnaturel où règne l'humidité, la gouaille des mots et l'envoutement. Voilà, il faut savoir en tant que lecteur où on met les pieds. Si tel est le cas, il suffit ensuite de se laisser porter par ces premiers pas d'une auteure à l'univers riche et à l'écriture toujours identifiable...
Une lecture hors du temps.
Editions Points - 5.90€ - 29 août 2013