Les métaux précieux ont subi quelques soubresauts cette année, l’or perdant 25%, sans que cela soit justifié par l’environnement économique. Le palladium tire son épingle du jeu et devrait continuer de le faire, surtout si les indicateurs s’améliorent.
Le marché des métaux précieux a connu de fortes secousses au cours des deux premiers trimestres de l’année 2013. L’évolution majoritairement négative des cours a surpris de nombreux investisseurs, et pour cause: en analysant le contexte ayant éventuellement provoqué de fortes fluctuations, on constate un écart considérable entre l’économie réelle et l’évolution des marchés financiers.
En effet, la crise mondiale de la dette et de la croissance n’est pas résolue et les conditions élémentaires d’une reprise durable aux Etats-Unis, au Japon et en Europe ne sont pas encore réunies. Or, le cours de l’or a subi une correction de plus de 25%. Dans le cas spécifique du métal jaune, les causes et les effets sont entrés dans un cercle vicieux. Les ventes des investisseurs institutionnels, qui touchaient ainsi leurs bénéfices après douze années consécutives de hausse, ont été dans un premier temps sous-estimées. Puis une vague d’autres paris baissiers sur l’or s’est ensuite rapidement répandue, provoquant une correction de 17% sur une semaine en avril. Finalement, le cours est passé de 1700 dollars, au début de l’année, à 1200 dollars fin juin. Depuis, on assiste à une reprise au-dessus du seuil de 1320 dollars.
En raison de son importance, l’or représente un exemple significatif de l’impact possible d’opportunités de marché à court terme sur l’évolution des cours, alors déconnectée de la réalité. En effet, nous n’avons constaté ni croissance économique durable, ni reprise significative sur le marché du travail. Si cela avait été le cas, le prix de l’or aurait été corrigé à juste titre, en raison de la disparition des primes de risque. Dans le même temps, les métaux précieux comme le platine et le palladium, principalement utilisés dans l’industrie, auraient dû nettement progresser. Or, cela ne s’est pas produit non plus. Tous les métaux précieux ont été touchés en avril par de fortes corrections, indépendamment de certains résultats encourageants dans la vente d’automobiles qui, dans des conditions normales, auraient été favorables au palladium.
Mais, contrairement aux cas de l’argent et de l’or, les investisseurs se sont engagés de façon plus positive vis-à-vis du palladium, profitant des corrections de prix pour faire leurs achats. On le constate avec la croissance des stocks de couverture des ETF sur le palladium. Certes, le palladium n’a pu se soustraire à la tendance du marché de l’or, référence pour les métaux précieux, mais il a montré des signes clairement positifs, contrairement au métal jaune. Après les corrections marquées sur les métaux précieux, le palladium a pu récupérer autour de 18% en avril et 11% en juillet. Cette solidité s’explique par deux évolutions.
D’un côté, les ventes mondiales d’automobiles, malgré des craintes de récession, ont été meilleures que prévu, et le renforcement des règles en matière d’émissions, en Chine avec la China-V-Norm et en Europe avec les normes EURO V et VI, a commencé à produire ses effets. Les normes d’émission apportent l’impulsion nécessaire au passage à des processus de combustion plus efficaces pour les véhicules particuliers et les poids lourds au diesel. D’un autre côté, les extractions minières limitées provoquent un déséquilibre entre l’offre et la demande, avec un marché du palladium en légère pénurie. Combinés, ces deux facteurs sont susceptibles d’éveiller l’intérêt des investisseurs. Pour l’or et l’argent, ces derniers ont misé sur une chute des cours et, en raison de la mauvaise opinion du marché, seul un petit nombre a vu dans ces corrections une opportunité d’entrée intéressante. Dans le cas du palladium, beaucoup semblent au contraire estimer que les phases de correction ne sont pas le signe d’une tendance négative mais qu’elles offrent un point d’entrée bienvenu. Dans ce contexte, le palladium a pu se soustraire aux tendances défavorables des autres métaux précieux, évoluant depuis le début de l’année dans une marge de fluctuation comprise entre +/–10%.
La progression depuis le début de l’année atteint +5%. Au premier semestre, le palladium a donc été le plus performant de tous les métaux précieux, et ses qualités laissent présager un bon deuxième semestre. En effet, les perspectives de nouvelles hausses des cours en cas de statistiques positives dans l’industrie automobile restent absolument intactes.
(Stephan Müller / Product Management & Development, Swiss & Global Asset Management - LeTemps.ch - 19/08/13)