Les 5 raisons pour lesquelles il n’y aura pas d’intervention en Syrie

Publié le 28 août 2013 par Allo C'Est Fini

Depuis le début de la semaine, on ne parle que de cela: dans les salles de rédaction, dans le bus, à la télé, et même autour du déjeuner au bureau: est-ce que ça va péter en Syrie oui ou non?

Jouant le reporter amateur, et sur la base de ce que m’ont dit Alexandre Adler et Bernard-Henri Levy en personne hier soir en DM, je sis en mesure de vous donner 5 bonnes raisons pour lesquelles il n’y aura pas d’intervention en Syrie, ni des américains, ni des anglais, ni des troupes françaises. Et si je me trompe, et bien vous aurez le droit de dire que je suis un stratège géopolitique à deux balles. ET je l’assumerai.


Raison numéro 1: nos cartes d’état-major sont fausses

C’est ce que montre bien l’image ci-dessus, extraite du Grand Journal de Canal+ du 27 aout 2013. N’allez-pas croire que c’est un photo montage, pas du tout, voici la preuve en vidéo (aller à 2mn50). Franchement, à la place de BHL, je demanderais à ce qu’on supprime la vidéo du site…

Le Grand Journal du 27/08/13 – Part. 1 Syrie : faut-il intervenir ?

Raison numéro 2: En Syrie, il n’y a pas de pétrole

Enfin, ce n’est pas tout à fait juste: il y a du pétrole, et il contribue même à 40% des exportations de ce pays. Mais il y en a vraiment peu, par comparaison aux autres: la Syrie n’arrive que 32e au classement des pays producteurs et exportateurs d’or noir, avec 367000 barils / jour (données 2008), derrière le Soudan, l’Equateur et l’Australie. Pas de quoi fouetter un chat ou renverser un dictateur, quoi.

Raison numéro 3: Renverser des dictateurs, on a déjà vu ce que ça donnait

20 mars 2003, l’invasion de l’Irak était lancée par des troupes « alliées » sous un commandement unifié américain. Une campagne solide, rapide, comme on en a rarement vu: en quelques semaines, le régime tombe, et commence une gigantesque chasse à l’homme au terme de laquelle sont capturés ou éliminés les cadres du parti Baas et les proches de Saddam Hussein. Résultat dix ans plus tard: l’irak est un pays instable, dans la capitale duquel une bombe explose à peu près tous les jours. A part ça tout va bien.

15 février 2011. Suivant les mouvements révolutionnaires qui ont eu lieu quelques semaines plus tôt en Tunisie et qui ont abouti à la chute rapide de Ben Ali, des troubles ont lieu à Benghazi. La guerre civile lybienne peut commencer. Il suffira d’une pichenette des forces françaises, avec l’assentiment de l’ONU, pour que le régime soit ébranlé, conduisant à la mise à mort de Kadhafi le 20 octobre 2011. Depuis, la Lybie est bien entendu devenue un havre de paix, dans lequel de nombreux touristes se pressent tous les jours, parmi la foule des terroristes activistes venus acheter qui un lance-roquette, qui un lot d’armes automatiques, du stock du défunt colonel…

Renverser le régime Syrien? Bonne idée, mais qui assurera le service après-vente?

Raison numéro 4: avec la crise va, tout s’en va

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais depuis 2008, c’est pas la grande forme du côté des économies occidentales. Aux US, on a failli voir disparaître Ford et General Motors la même année, alors que de ce côté-ci de l’Atlantique, dans un immense mouvement de solidarité nationale, des millions de contribuables sont mis à contribution pour rembourser les intérêts des intérêts des emprunts contractés par les gouvernements qui se sont succédés depuis 20 ans. Résultat: de tous les côtés, les ministères sont priés de se serrer la ceinture, et même du côté des armées. En France, le budget du ministère de la Défense reste à peu près constant, mais s’effondre en pourcentage du PIB. Alors certes, on sait toujours montrer nos gros biceps bronzés, surtout face à AQMI ou à d’autres menaces extérieures, mais face à une armée bien entraînée, disciplinée, soutenue par la Russie, c’est une autre histoire.

Au passage, cette baisse drastique du budget de la défense a un impact du côté de l’équipement de nos soldats, qui sont obligés, paraît-il, d’acheter des compléments d’équipement dans des surplus. Coût total pour un soldat: environ 2500 euros environ. Eh oui, en France, on a des Rafales, mais on n’a plus de quoi équiper nos troufions.

Raison numéro 5: la Syrie est un allié stratégique dans la région

C’est vrai, la Syrie est un pays francophone, proche du Liban, autre pays francophone. De nombreux ressortissants syriens viennent passer leurs vacances en France, et nombre de nos compatriotes vont visiter les merveilleux vestiges et sites archéologiques de ce pays si proche.

Et puis, souvenez-vous, c’était il n’y a pas si longtemps, le président syrien était notre hôte à l’occasion des célébrations nationales du 14 juillet. Des souvenirs comme ceux-là, ça compte! On ne va quand même pas tirer sur des amis de la République!

Ah, on m’explique en régie que si, en fait, ça c’est déjà fait, avec le colonel Kadhafi.

Bon, ben finalement je me trompe peut-être.

Rdv dans quelques jours pour le fin mot de l’histoire.

PS: il est particulièrement consternant de voir que 100 000 morts en deux ans n’auront servi à rien, et que ce n’est qu’à partir du moment où il y a eu (ou aurait eu, c’est selon les sources) usage d’armes chimiques que la communauté internationale (enfin, trois pays occidentaux) s’agite…