« C’est ça ton travail Maman, le frottage ?
J’ai un pincement au cœur. Je le déçois. Je lui dis oui, Pour l’instant c’est ça, mais ça n’est pas mon vrai métier. »
Du ciel étoilé de poésie au théâtre, la narratrice, la quarantaine, tombe dans la sordide réalité qui est de nettoyer la merde de ses nouveaux employeurs. De 4000 € mensuels en tant que comédienne dans un théâtre subventionné, puis de 2000 € des ASSEDIC elle arrive en fin de droits, ne peut toucher le RSA et se résout à faire des ménages à 9 € de l’heure pour boucler les fins de mois.
On apprend qu’une comédienne au chômage ne peut pas partager avec ses collègues son désarroi, car cela attire la poisse. Il faut toujours jouer et paraître, même quand le téléphone ne sonne plus pour la proposition d’un rôle.
Alors Samira écrit « l’odeur des planches » et elle a eu une bonne idée car j’ai dévoré son récit. En effet ce livre de 135 pages se lit en une soirée (impossible de le lâcher aussitôt ouvert) et s’il est court il est très bien rythmé (le ton monte très haut parfois, au grand plaisir du lecteur) et fort en émotion, très fort. Elle ne prend aucun détour à raconter sa situation et sa chute, morale et physique, qu’on espère provisoire. Elle coupe sa propre histoire en racontant alternativement le destin de sa mère, Algérienne déracinée et mariée de force, qui n’a jamais pu choisir sa vie.
Avec ce récit Samira Sedira force l’admiration.
Applaudissements et chapeau bas !
mjo