D’un côté, LE jeu ! Celui dont Libération vient de faire sa une en le qualifiant de plus grand jeu du monde. Pas moins !
De l’autre, le dernier né de Nintendo que la plupart des gamers regardent comme un OVNI et que beaucoup de journalistes spécialisés ont du mal à considérer comme un jeu vidéo.
D’un côté, l’incarnation du Mal (écraser des piétons, tuer des flics, errer dans les rues en rackettant des prostituées, j’en passe et des meilleurs…), de l’autre l’incarnation du Bien (s’occuper de son corps, bien se tenir, avoir une bonne hygiène de vie…). Ambiance rouge et noire d’un côté. Blanc immaculé de l’autre.
D’un côté, le jeu qui apparait comme le sommet de tout ce que l’histoire du jeu vidéo a enfanté depuis 30 ans, en parvenant notamment, comme nul autre, à concilier deux voies souvent antagonistes : jeu scénarisé et jeu ouvert. De l’autre, un jeu vidéo qui n’en est plus vraiment un. Un jeu qui dépasse définitivement la dimension « vidéo », en élargissant l’interface au corps du joueur (les pieds venant renforcer la gestuelle des mains déjà présente dans Wii Sports). Certaines mauvaises langues diront qu’il réussit à larguer par la même occasion la notion même de jeu… On évoque à son sujet le terme de ludiciel. (beurk !)
Mais remettre en question sa grammaire, interroger les limites de son
propre domaine n’est-ce pas ce qui définit les démarches les plus
révolutionnaires ?
Quand Eiffel construisit sa tour en 1889 beaucoup d’architectes
raillaient son œuvre. En aucun cas, cela ne pouvait être de
l’architecture ! Aujourd’hui la Tour Eiffel est l’un des monuments
architecturaux les plus visités au monde. Méfions nous donc des
a priori.
Face à Wii Fit, quel paradoxe de voir GTA IV (révolutionnaire en
2001 dans sa version 3) comme un truc presque classique. Classique mais de quel trempe !
Voilà donc les forces en présence.
Ils pulvérisent déjà les audiences médiatiques. Ils sont bien partis
pour cumuler les records, sans se marcher dessus, en se répartissant
les publics, de manière tacite. A Take 2 la foule des gamers, de plus
en plus large au fil des années. A Nintendo les nouveaux entrants,
beaucoup plus nombreux encore. Deux philosophies du jeu vidéo qui se
complètent, dans une stratégie d’encerclement, pour mieux régner sur
l’industrie des loisirs. Quand Wii Fit met au rencart tous les
accessoires de fitness qu’on a vu défiler depuis 50 ans, (et je m’y
connais mon père était prof de gym), GTA ringardise à lui seul
l’industrie cinématographique hollywoodienne. Question de génération.
Et tant pis si ma fille a plus en plus de mal à expliquer ce que fait son père.
- Dis, Candice il fait quoi ton papa ?
- Mon père. Heu…il fait des jeux vidéo.
- Il fabrique des balances alors ?
Ah ben voilà : finalement GTA et Wii Fit ont au moins un point commun : des histoires de balances ;-) !
Illustrations : images extraites de GTA IV avec inserts d'interface Wii Fit. Je sais, c’était facile mais le montage était trop tentant ! Que les fans de Rockstar me pardonnent. Quand à ceux de Wii fit je ne suis pas certain qu’ils lisent ce blog.