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Le bonheur est dans le ministère

Publié le 07 juin 2013 par Tanitrh

Pour éviter de choisir entre le français et le néerlandais, les Belges optent souvent… pour l’anglais. C’est ce qu’a fait un ministère, le service public fédéral de la Sécurité sociale, pour qualifier un poste : celui deChief Happiness Officer. Plus étonnant, c’est la directrice des ressources humaines (DRH) qui porte ce titre de  » responsable en chef du bonheur « . Et le revendique.

Formée à l’ingénierie commerciale, passée par des sociétés cotées et de grosses PME en Belgique et à l’étranger, Laurence Vanhée a officié à haut niveau dans les ressources humaines. Mais elle juge ce voisinage de vocabulaire détestable car, dit-elle, « hommes et femmes ne sont pas des ressources ».
Depuis 2009, elle dirige un service d’une quarantaine de fonctionnaires – le ministère en compte 1 200 – et a déployé « une stratégie sur le long terme » ambitieuse : « Mettre en place toutes les conditions pour que nos collaborateurs soient heureux, en conciliant leur bonheur et la performance de l’organisation. »
Sa théorie de la « culture ouverte » et de la « pratique collaborative » détonne dans le monde des fonctionnaires. Mais elle est parvenue à l’imposer parce que les vieilles recettes ne fonctionnaient plus : son ministère, pas très « sexy » il est vrai, était promis à perdre 40 % de ses effectifs d’ici à 2015, compte tenu de sa pyramide des âges et de sa faible attractivité.

« FLEXITIME »

Notre quadra a bousculé les habitudes. Finis le petit bureau et l’armoire personnelle, bienvenue au PC et au téléphone mobile individuels. Les objectifs sont fixés en commun, le travail en équipe et le télétravail sont plébiscités : plus de 90 % des collaborateurs peuvent travailler chez eux jusqu’à trois jours par semaine ; le « flexitime » a été instauré pour chacun.
Le chef est devenu le « facilitateur » ; il évalue chacun annuellement selon des critères quantitatifs et en tenant compte « de la qualité et de l’attitude ». « Responsabilité », « confiance », « liberté » sont des règles d’or ; elles doivent engendrer la « performance » et, au final, le « bonheur »
Est-ce que ça marche ? Les spécialistes du secteur semblent le croire : ils ont fait de Mme Vanhée leur « DRH de l’année » en 2012. Sondé en décembre 2011, le personnel du ministère s’est majoritairement (88 %) défini comme « heureux » ou « très heureux ».
Démissions, départs et absentéisme y sont inférieurs à la moyenne du secteur public, et les candidatures spontanées ont quintuplé. « Un salarié heureux est deux fois moins malade et neuf fois plus loyal qu’un salarié malheureux », a calculé Mme Vanhée.

Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) - Lemonde.fr


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