- que des traces génétiques ont été prélevées et identifiées dans un congélateur et un lave-linge appartenant à Francisco Benitez, ex-compagnon de Marie-Josée et père d'Allison, les disparues de Perpignan. Rappelons que le légionnaire s’était suicidé dans les locaux de sa caserne le 5 août après avoir clamé son innocence dans une vidéo. Les faits étant posés, imaginons. Imaginons-le, excédé par les poursuites, les suspicions, les regards, les interrogations, les articles de presse, les chuchotements sur son passage. Et imaginons que son ex-femme et sa fille se soient coupées en allant chercher une glace ou une pizza au congélateur. Imaginons que la disparition de son ex-ex-femme, quelques années auparavant, ait été volontaire. Si on imagine tout ça, on plaint le pauvre homme, a posteriori, d’une si cruelle destinée, de tant d’anathèmes qui se sont abattus sur lui. Toutefois, gare aux efforts d’imagination, le claquage cérébral est très douloureux quand il se produit.
- qu’on a annoncé la mort du chercheur chargé de la plus ancienne expérience scientifique au monde. John Mainstone, 78 ans, était chargé depuis 52 ans d'observer la chute dans un sablier de gouttes de poix, un liquide si visqueux qu'il n'avait laissé échapper que huit gouttes depuis 1927. Il devait l’avoir su que ça ne servait à rien. En tout cas, on devait lui avoir dit. Il s’en était sans doute même convaincu, à un moment de sa vie. Et puis, il s’était peut-être dit, on se sait jamais, qui sait, va savoir, et si, oh oui, et si, s’il se passait quelque chose, si les gouttes tombaient plus vite, si le liquide s’écoulait un jour, au bout de x temps, x heures, x jours, x années, à un moment m, si ça arrivait, il faudrait être là pour le voir, pour le savoir, pour le faire savoir. Il n’a pas donc pas lâché son poste, imaginant le mieux. Toutefois, gare aux efforts d’imagination, le claquage cérébral est très douloureux quand il se produit.
- qu’une nouvelle tendance émerge dans les cabinets de tatoueurs, toujours plus innovante, toujours plus inventive, le tatouage à l’encre blanche. Bien sûr, du plus que la peau est diaphane, du moins qu’il se voit. Mais justement, c’est peut-être l’intérêt de la chose, le tatouage quasi invisible mais visible, ou qui se révèle lorsque la peau brunit. Mais il paraîtrait, aussi, que ça fait un peu relief, cicatrice un peu boursouflée, et qu’il aurait tendance à jaunir, que ça ne serait donc pas tellement au point. Inventons le tatouage à l’eau, un tatouage qui se ferait au doigt mouillé, ou au coton-tige imbibé, quelque peu éphémère certes, mais horriblement cher pour faire croire au génie. Et laissons croire aux tatoués qu’ils n’ont jamais été plus au faîte de la mode. Laissons leur cerveau faire tout le boulot. Toutefois, gare aux efforts d’imagination, le claquage cérébral est très douloureux quand il se produit.