Funny Games VS. Funny Games U.S.

♥ 1   2  ♥

L'histoire

1 Une famille composée d'un couple et de leur fils passe ses vacances au bord d'un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et leur font vivre un enfer...

2 Ann, George et leur fils Georgie sont en route vers leur résidence secondaire pour y
passer l'été. Leurs voisins, Fred et Eva, sont déjà arrivés et ils décident de se retrouver
tous le lendemain matin pour une partie de golf. Tandis que son mari et son fils s'affairent sur leur voilier récemment remis en état, Ann commence à préparer le dîner. Tout à coup, elle se trouve face à face avec un jeune homme extrêmement poli, Peter, un des invités de ses voisins, venu, à la demande d'Eva, lui emprunter quelques oeufs. Ann s'apprête à les lui donner quand soudain, elle hésite. Comment Peter est-il entré dans leur propriété ? Les choses prennent vite un tour étrange et débouchent sur une explosion de violence.

Mon avis

Je me suis payé le DVD de la version 1997 car je voulais voir les deux films d'affilée pour avoir bien tous les détails en mémoire. Je dois dire que l'expérience est concluante. Les films de Haneke font toujours polémiques et ceux-ci peut être plus que d'autres (mais je n'ai pas vu toute sa filmographie). A vrai dire on peut se poser la question sur le but et l'utilité de cette démarche : faire le remake de son propre film dix ans après, copie conforme, avec des plans et des dialogues quasi identiques, des acteurs qui se ressemblent, jusqu'à la musique et aux génériques identiques. Haneke voulait montrer la violence aux américains, celle qu'ils ne mettent pas en images ou rarement, et il jugeait que le film original n'avait pas atteint son public là bas (barrière de la langue et acteurs inconnus). Après avoir tourné plusieurs fois en français il tourne pour la première fois en anglais. Le résultat est (pour moi) tout bonnement génial. Voir les deux films à 24 heures d'intervalle à doubler le choc émotionnel. Une telle histoire ne peut pas laisser indifférent, soit on adore soit on déteste. On ne peut pas être tiède ou avoir de demi-mesure avec ces films. Car ils nous remuent les tripes et les méninges au plus profond de la noirceur de notre âme (de notre esprit plutôt). Ils nous mettent sans complaisance face à face avec notre propre violence, celle qui est enfouie en chacun de nous, qui dort, qui sort parfois furtivement, qui explose au grand jour ou dans l'intimité, ou qui toute une vie sera cachée, combattue, enfermée...oubliée. Car Funny games c'est avant tout cela : nous mettre face à face avec nous même. Un flot de question nous assaille alors après la vision de chacune de ces oeuvres parmi lesquelles celles qui m'ont le plus taraudé : qu'aurait-je fais ou ressenti à la place des victimes ? Pourrais-je un jour arriver à être à la place des bourreaux ?... Il parait qu'il faut montrer la violence pour mieux la dénoncer. Haneke y arrive ici pleinement, jamais l'exemple n'a été aussi frappant. Bref deux films qui n'ont pas fini de me hanter, de me faire poser des questions, et d'éviter les vacances au bord d'un lac...

 

La mise en scène de Haneke (dans les deux films) est tout simplement sublime, maîtrise totale. Une tension incroyable est mise en place dès les premières minutes qui va monter avec une puissance incroyable jusqu'à une fin des plus terrifiantes, encore plus que l'ensemble du récit. Pas une once d'espoir. La violence ne pouvant engendrer que noirceur et pessimisme, aucune issue n'est donc possible. Le scénario est une pure merveille de précision et de détails, coupant comme une lame et détonnant comme un coup de fusil. On étouffe, on suffoque, jamais une seconde de répit. Seconde mise en apnée juste deux jours après Rec, l'asphyxie n'est pas loin ! Techniquement on frise la perfection aussi. Le montage, les décors, le son sont parfaits, la photo est d'une beauté à couper  le souffle (tout cela mieux dans le second film mais les techniques ont évoluées) et la musique (identique) parfaite pour les deux films. Du grand art.

 

Après la mise en scène, le scénario et la technique, le quatrième élément qui contribue à une telle réussite est bien sûr l'interprétation. Si elle est parfaite dans le premier, elle touche au sublime dans le second. Car Michael Haneke s'est aussi amélioré dans sa direction d'acteurs. Il a aussi réussi à réunir un casting époustouflant de talent, de conviction et de grâce. Je ne suis pas objectif pour Naomi Watts car je suis un grand fan. Elle est tout simplement géniale. Son meilleur rôle à ce jour. Même débraillée, couverte de sang et la morve au bout du nez elle est exceptionnelle. Productrice exécutive du film, elle était la condition sinequa none pour que le réalisateur autrichien fasse le film, il la voulait impérativement dans le rôle de Ann. Il a eu raison, on voit pas qui d'autre aurait pu l'incarner aussi bien. Tim Roth (le regretté Ulrich Muhe tenait le rôle dans l'original) est lui aussi formidable, mais cela devient un pléonasme également, a-t-il jamais été mauvais ou juste moyen? Les deux psychopathes sont interprétés par Michael Pitt et Brady Corbet, tous les deux plus que convaincants et inquiétants. Même Todd Gearhart dans le rôle du fils est très naturel et parfaitement terrorisé !

 

Vous l'aurez compris Funny Games et Funny Games U.S. sont mes deux gros coups de coeurs du moment. Mais ma préférence va au second. Plus maîtrisé, que ce soit dans la mise en scène, la technique ou les acteurs,  le film me semble meilleur. Tout cela reste très subjectif et n'est peut être dû qu'à la présence lumineuse de Naomi Watts dans tant de noirceur.

 

C'est noir, sombre, effrayant, terrorisant, froid, dur, perturbant, dérangeant. C'est la violence comme on ne l'a jamais vue. C'est un chef d'oeuvre. C'est Funny Games U.S. C'est (pour l'instant) le film de l'année. A quand un remake tourné en France et en français ???

 
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