Vous êtes sûrement familiers des problèmes que rencontrent les soaps étasuniens depuis quelques années : annulations successives, résurrection sur le web compliquée, reprise de deux d'entre eux par OWN...
Le feuilleton des feuilletons est presque plus intéressant que les feuilletons !
Eh bien, les choses ne vont pas toujours mieux ailleurs. Cette semaine, en Afrique du Sud, c'est le soapie 7de Laan qui fait parler de lui.
Petite remise en contexte : 7de Laan a fêté début mai dernier ses 3000 épisodes, et entamé en parallèle sa 14e saison sur la chaîne publique SABC2. C'est une success story du soap sud-africain, tournée en afrikaans, avec certains dialogues en anglais et en zoulou, et diffusée avec des sous-titres anglais, de sorte qu'une grande partie du public sud-africain s'y retrouve : en moyenne, plus de 2 millions de spectateurs sud-africains, qui pour être honnête sont essentiellement des spectatrices, suivent la série quotidiennement. Et pourtant, son tournage pourrait bien s'arrêter ce vendredi. Et je ne vous parle pas d'un bête hiatus, mais bien d'une interruption qui pourrait être définitive.
Alors, quel est le problème, me demandez-vous, l'angoisse au ventre. Les audiences s'effondrent-elles ? Les coûts de production s'envolent-ils ? Une intrigue s'est-elle montrée polémique ? Ou, plus trivial mais au moins aussi gênant : son studio a-t-il pris feu ? Qu'est-ce qui peut bien justifier la potentielle annulation d'une des séries quotidiennes les plus regardées du pays, lady, ne nous laisse pas dans l'ignorance !?
Une erreur administrative.
Oui, vous avez bien lu, voilà ce qui met en danger le tournage de la série et avec lui les grilles de la chaîne qui la diffuse : une erreur administrative. Quand vous aurez fini de rire, je vous explique. C'est pas grave, allez-y, je peux attendre.
L'histoire du jour est donc le gag du jour : la chaîne SABC2 n'a pas procédé au renouvellement des contrats avec la production. Les exécutifs de la chaîne ont oralement promis de le faire, preuve que ce n'est même pas une façon détournée d'arrêter la série de leur part, mais voilà, les choses traînent, les papiers se perdent, le chien a mangé les enveloppes, bref, toujours pas de contrat en vue. Et ça commence à agacer le producteur et créateur Danie Odendaal (ancien scénariste puis head writer d'Egoli), qui, bien qu'habitué à des "renouvellements" de dernière minute de la part de la chaîne, a décidé de ne pas payer de sa poche la production d'épisodes qui ne sont même pas encore officiellement commandés par SABC2.
Il va donc fermer boutique vendredi si SABC2 n'a pas trouvé d'ici vendredi une imprimante, une presse, ou un moine copiste.
Du côté de la chaîne, d'ailleurs, les déclarations sont sibyllines, du genre : "il n'y a pas de problème d'ordre contractuel". Non, probablement pas, mais visiblement vous avez du mal à trouver un gars avec un vélo pour apporter une enveloppe sur Concourse Crescent, à moins d'une vingtaine de minutes du siège de SABC. Il faut avouer que l'agacement d'Odendaal se comprend.
A plusieurs reprises déjà par le passé, SABC2 a fortement traîné des pieds pour signer les contrats de 7de Laan en temps et en heure ; les fois précédentes, Odendaal avait simplement continué de tourner la série en attendant que les documents arrivent. On est des gens civilisés, ça va, on fait affaire depuis un bout de temps, c'est que de la paperasse ! C'est à un tel point un problème habituel, que cette année, la production avait donné une semaine de congés à toute l'équipe du soapie. Une semaine de repos qui tombait pendant la période lors de laquelle les contrats devaient être renouvelés, considérant que de toute façon, ils arriveraient en retard. Sauf que cette semaine de vacances, c'était la semaine dernière ; cette semaine est donc écoulée et les contrats n'ont toujours pas été transmis.
Dans tout ça, les réactions sont assez partagées parmi le cast de la série : certains acteurs rient de cette péripétie, quand d'autres, plus nerveux, craignent sincèrement l'annulation, et se demandent comment ils pourront continuer à se donner à leur art après vendredi.
Si je traite tout cela un peu à la légère, c'est que beaucoup d'observateurs sud-africains s'accordent à dire que ce n'est que l'une des énièmes preuves des dysfonctionnements de l'audiovisuel public sud-africain, souvent un peu léger sur ses obligations administratives. Les exécutifs des chaînes SABC rencontrent apparemment de très fréquents changements dans les instructions reçues, qui empêchent le business de se faire dans la sérénité.
Et puis après tout, tant que les décors ne sont pas détruits, rien n'empêche a priori de reprendre le tournage dans une semaine ou deux le temps que SABC appuie sur CTRL+P : il n'y a donc pas encore de quoi remettre le prix de la Meilleure Annulation Crétine de l'Année.
Pas de panique à proprement parler, donc, mais une petite tempête dans un verre d'eau qui nous rappelle que des absurdités, il s'en passe sur toutes les chaînes de la planète.
Qui a dit que l'actualité des séries internationales devait toujours être morose ?