Copé « la violette »

Autant la cacophonie est orchestrée, voir utilisée, au PS et s’organise dans une unité de lieu comme dans toutes les pièces classiques, autant l’UMP brille par son mépris total de cette unité spatiale et devient presque inaudible à force de cultiver des pseudo-différences.

Il paraît que Copé est « libéré » ? On ne le savait pas embastillé même après son rapt sur la présidence du parti.  Après Wauquiez et avant Fillon, il était à Châteaurenard pour célébrer son hymne à la liberté lors de la "fête de la violette". "C'est très dur d'être dans l'opposition donc c'est normal que chacun veuille faire entendre sa voix", explique-t-il pour masquer l’évidence de l’éparpillement  du parti sur des lignes d’ailleurs assez difficiles à percevoir.

D’abord il y a cet « inventaire » qui fâche. Ils semblent tous vouloir comprendre leur défaite de 2012 mais discutent sur la méthode.

Copé essaye de contourner habilement un obstacle qui n’en est pas un d’ailleurs en  axant son discours sur la "liberté" dont les Français seraient privés depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir et qu'il accuse d'avoir provoqué quatre "explosions" simultanées, du "chômage, des impôts, de la délinquance et du communautarisme".  C’est un peu caricatural, mais on ne peut guère faire mieux pour exciter le militant voulant en découdre. Pendant ce temps-là on ne parle pas de la dette accumulée et aggravée sous Sarkozy ni de l’inexorable progression du chômage depuis dix ans, ni des problèmes sécuritaires ne datant pas d’hier. Heureusement pour Copé, un récent sondage montre que l'interdiction de la burqa est la loi la plus populaire des années Sarkozy. "J'espère que vous avez pensé à moi", a-t-il lancé à la presse, lui qui fut son plus ardent défenseur.  On fait le bilan que l’on peut.

En termes de propositions novatrices, pas grand-chose sauf une promesse « Revenir sur toutes les hausses d'impôts et de charges décidées par François Hollande » grâce à une baisse de 10 % des dépenses publiques. Enfin l’hymne à la « libération » toujours très prisé quand il ne s’agit pas d’entrer dans du « précis » : « 5 grands chantiers à conduire pour redonner plus de liberté aux Français ». « Libérer l'école, libérer le travail, libérer les Français d'une fiscalité oppressante, libérer les générations à venir du fardeau de la dette, libérer la France de la bureaucratie. » Il faut libérer !

On retrouve le même vide en matière d’ idées véritablement nouvelles aussi bien à droite qu’à gauche. Cette réalité est angoissante pour l’avenir. Les paroles d’Edgar Morin, rapportées hier, peuvent tout aussi bien s’appliquer sur cette partie de l’échiquier politique.

Sur ce vide, Copé essaye de fortifier une mobilisation sur les grandes échéances de 2014 : municipales et européennes. On peut parier que le succès aux municipales n’est pas acquis et qu’il serait d’interprétation très difficile, chacun pouvant manier les chiffres dans tous les sens et leur faire dire n’importe quoi. Il faudrait pour décréter une victoire indéniable de l’opposition gagner de très grands métropoles (Lyon, Paris, Lille …) et ne pas en perdre. Le pari est loin d’être probable.

Pour ce qui concerne les européennes, on peut penser que les deux partis de gouvernement (PS et UMP) seront dos à  dos avec une belle déculottée pour les deux.