Shadow Theater, le cinquième album studio de Tigran Hamasyan, pianiste de jazz adoubé par Herbie Hancock et Chick Corea, sort cette semaine.
Influencé par la pop, la musique minimaliste et bien sûr par le jazz, Shadow Theater est un théâtre d’ombres à la fois électronique, expérimentale et mélodique où l’on croisera Madlib, Sigur Ros, Steve Reich ou encore Chassol.
Après la sortie du premier clip tourné dans des conditions rocambolesques, le pianiste sera à l’honneur du festival Jazz à la Villette à Paris le 5 septembre prochain.
Depuis ses tout débuts, Tigran Hamsayan semble être habité par l’idée d’ouvrir au maximum son spectre musical. Il n’a que 19 ans quand il se retrouve catapulté sur le devant de la scène en 2006 par sa victoire au concours Thelonious Monk présidé par Herbie Hancock. Adoubé par la jazzosphère mondiale, le jeune Arménien s’est empressé d’éviter d’être « catalogué ». Après avoir crapahuté avec l’inévitable paire rythmique formée par les frères Moutin, Tigran s’est constitué en 2009 un groupe, un vrai, aux côtés de jeunes loups de la scène new-yorkaise membres de l’influent Kneebody comme le saxophoniste Ben Wendel ou le batteur Nate Wood. Baptisé Aratta Rebirth, le quintette payait autant son tribut à la musique traditionnelle arménienne qu’au métal labyrinthique de Meshuggah ou au jazz fusion de Chick Corea. Trois ans plus tard, le garçon opérait encore une nouvelle mue. Sur A Fable, il se présentait dans le plus simple appareil : en duo avec son piano. Au menu, des éclats de pop minimaliste, des mélodies de sa patrie natale et des relectures habitées de standards tel Someday My Prince Will Come. Et nouveauté, Tigran donnait de la voix sur quelques pistes. Plébiscité aux quatre coins du monde, l’opus remporta une Victoire de la Musique.
Avec Shadow Theater, le pianiste poursuit son entreprise de construction massive. Après avoir exploré l’univers des fables arméniennes, c’est dans une autre tradition, plus visuelle qu’orale, qu’il puise son inspiration. Ce Shadow Theater qui sert de titre de baptême au disque, il faut l’entendre comme une invitation à passer de l’autre côté du miroir, dans un monde imaginaire et onirique qui doit autant à Tim Burton qu’à la tradition du « théâtre d’ombres » : un art en apparence simple où des silhouettes s’animent par magie derrière une toile. « Un monde minimal et faux, mais qui exprime la vérité à travers ce mensonge » confie Tigran. Également limpide en apparence, Shadow Theater regorge de dizaines de figurines qui habitent la tête du pianiste, de Madlib à Sigur Rós en passant par Steve Reich. Avec ce disque le jeune arménien explore encore de nouvelles pistes tout autant électroniques que soniques et s’affirme comme un ébouriffant songwriter doublé d’un chanteur au timbre fragile.