Escadrons de la mort, l' école française de Marie-Monique Robin (Documentaire sur implication de militaires français dans les guerres sales d'Amérique du Sud, 2003)

Publié le 26 août 2013 par Florian @punkonline

Marie-Monique Robin est une journaliste indépendante qui a réalisé de nombreux films d’investigation. Elle est l’auteure du documentaire « Le Monde selon Monsanto » dans lequel elle enquêtait sur les produits de la firme américaine et ses conséquences néfastes sur l’environnement. Plus récemment, la journaliste s’est penchée sur la relation entre l’augmentation du nombre de cancers et la mise en circulation de molécules synthétiques ses dernières années dans « Notre poison quotidien ».
Avant de traiter de sujets sur la biotechnologie, Marie-Monique Robin a réalisé ce documentaire sur des accords de coopération militaire entre la France et certaines dictatures sud-américaines dans les années 1960 à 80.
Son enquête débute aux guerres de décolonisation, celle de l’Indochine, puis celle de l'Algérie où l'armée française a été confrontée un nouveau type de guerre dite de subversion ou révolutionnaire. Il ne s’agissait plus de combattre une armée comme lors deux grandes guerres, mais des individus mélangés à la population avec son soutien. La journaliste et ses interlocuteurs reviennent les techniques de torture et de disparition utilisées durant la guerre d’Algérie par l’armée française
Cette expérience française a intéressé les États-Unis (à Fort Bragg). Le programme Phœnix de la CIA mené au sud Vietnam à partir de 1969 a été un calque de la bataille d’Alger, dont le film, jugé proche de la réalité, a même servi durant la formation des officiers.
Des pays sud-américains ont aussi été intéressés par l’expérience française comme le Brésil (au Centre d’instruction de la guerre dans la jungle de Manaus) ou l’Argentine.
Une mission militaire française à Buenos Aires a duré de 1960 à 1981. C’est-à-dire que l’armée française a formé les officiers argentins durant la dictature de la junte militaire (1966-1973), mais surtout le règne sanglant du général Videla (30 000 disparus ; 15 000 disparus, 9 000 prisonniers politiques et 1.5 million d’exilés). Les Français ont ainsi formé les officiers argentins qui allaient ensuite faire massacrer leur peuple.
Dans ce documentaire, on peut entendre pour la première fois un général de la junte reconnaître l’existence des disparus et des techniques de guerre programmée et planifiée utilisées.
L'enquête de la journaliste est basée sur des documents officiels, de journalistes travaillant sur les dictatures sud-américaines et d’anciens protagonistes (OAS, DINA chilienne, militaire argentin, DST).
Comme suite à ce film, une commission parlementaire a enquêté et le député UMP Roland Blum en a rapporté qu’aucun accord entre la France et l’Argentine n’avait été signé, malgré le code du rapport dans les archives du quai d’Orsay que détient la journaliste.
Sans doute que dans plusieurs années nous aurons droit à un mea-culpa de la part du gouvernement, fondu dans d’hypocrites excuses comme il en est coutumier et ce quelque soit l’alternance.

Voir le documentaire en intégralité :