Les entrailles de la nébuleuse d’Orion au prisme du télescope spatial Herschel.
Eloignée de “seulement” 1 500 années-lumière, la nébuleuse d’Orion – Messier 42 ou M 42 – est l’un des plus proches nuages moléculaires de la Terre et, par conséquent, l’un des plus beaux et spectaculaires à observer pour qui possède un instrument, ne serait-ce une simple paire de jumelles. Ce qu’on découvre alors n’est que la partie la plus éclairée d’un immense réseau entremêlé de gaz et de poussières tissé littéralement à travers toute la constellation d’Orion (le Chasseur Orion domine le ciel étoilé de l’hiver …). Une région très féconde dans notre voisinage galactique, épiée et scrutée depuis plusieurs siècles par les astronomes professionnels et amateurs de la planète entière à travers différents instruments. Pour ne rien perdre de cette partition qui s’écrit depuis plusieurs dizaines de millions d’années, des chercheurs traquent en sons sein les nouveaux chapitres et “brouillons” dans la langue silencieuse du rayonnement infrarouge. Le moins que l’on puisse dire est qu’il reste encore beaucoup à écrire …
Capturée avec le télescope spatial Herschel (ESA), l’image ci-dessus offre un portrait “éclairant” et fascinant de la grande nébuleuse Messier 42. Sur le devant de la scène, une poignée d’étoiles massives que les scientifiques ont surnommé le Trapèze. Ces jeunes monstres déversent non sans ardeur des torrents de lumière ultraviolet sur le placenta de gaz qui les a vu naître … Ils enflamment la région. Telles de fulgurants projecteurs, elles érodent et creusent des cavités, découpent des lambeaux dans le nuage de gaz et accélèrent la dynamique procréatrice. Comme on peut le découvrir à travers ce somptueux tableau, de nombreuses naissances se préparent. La sensibilité du télescope spatial européen nous dévoile quelques-uns des oeufs encore tapis et reclus dans les plis froids et sombres (en rouge et orange) du nuage. Des yeux commencent à briller ; des noeuds continuent d’emmêler gaz et poussières par les voies de la gravité … Les régions les plus denses forment des autoroutes distinctes qui sillonnent l’antre de la nébuleuse. De la lumière en gestation. Un arbre de la création dont on observe les racines enfoncées dans un sombre substrat et le feuillage, parfois dense, où bourgeonnent des centaines d’étoiles.
Crédit photo : ESA/Herschel/Ph. André/V. Könyves/N. Schneider (CEA Saclay, France).