Hier, la revue britannique " Restaurant " publiait le classement 2008 des " world 50 best restaurants " qu'il organise depuis 7 ans. Bien entendu, ce classement reste subjectif. Toutes ces adresses sont de grandes tables, les chefs de très grands cuisiniers, et il semble très difficile d'affirmer que puisqu'il est mieux classé, Pascal Barbot (que j'adore) est un meilleur chef que Yannick Aléno (je l'aime aussi beaucoup)... Reste que lorsqu'une adresse que vous avez eu la chance de visiter - c'est mon cas pour quelque unes - s'élève dans le classement, vous êtes tout de même assez content de vous... Et c'est le cas cette année pour l'une de mes ballades gastronomiques de l'été dernier : le Mugaritz, dans le pays basque espagnol, qui passe de la septième place en 2007 à la quatrième cette année.
Flash-back : vendredi 3 août 2007- El Mugaritz - Errenteria - Espagne

Située à proximité de San Sebastian, dans le village d'Errenteria, à quelques kilomètres de la frontière française, Mugaritz est une ferme basque plantée en haut d'une colline, entourée de vergers et d'un potager où le maître de lieux, le jeune chef Andoni Luis Aduriz, cultive ses propres légumes, fruits et de multiples herbes aromatiques, que l'on retrouve ensuite dans ses assiettes.
Nous nous installons maintenant dans la salle du restaurant, autour d'une grande table ronde. Le lieu est simple. Il règne une élégance très " espagnol " , un mélange de sobriété, d'authenticité et de raffinement. Un détail me frappe immédiatement : l'espace laissé entre les différentes tables. C'est un vrai luxe que les restaurateurs français négligent trop souvent.

Il se dégage de cette cuisine une très forte quête de perfection et une énorme envie d'offrir un vrai moment de plaisir aux clients. Ici rien n'est trop beau pour mettre en valeur les produits.Technique et innovation sont au service de la nature.

Je voulais juste dire que ce repas fait désormais partie de mes plus grands souvenirs culinaires. Près de 9 mois sont passés depuis ce dîner, et j'ai toujours en mémoire le goût du jus d'Emmenthal qui accompagnait un mélange de légumes et d'herbes, et la saveur de la grillade de porc ibérique fondant dans ma bouche...
De Biarritz, il faut une ½ heure pour rejoindre le restaurant. Munissez vous d'une bonne carte, ou vérifiez si votre GPS sait se diriger en Espagne, car la route finale est un peu complexe... mais la récompense est tellement belle !
Brins nacrés d'araignée de mer, gel glacé de crevettes roses, fleurs et pistils de safran. Mugaritz - Menu du vendredi 3 août 2007.
Légumes, rôtis et crus, pousses et feuilles, sauvages et cultivés, assaisonnement de beurre et saupoudrés de graines et de pétales. Jus " généreux " d'Emmenthal.
Carrotes cuisinées en terre, échardes et grains parfumés avec un jus concentré de chipiron sauté et pulpe d'olives " Arbequina ". Voir le site del Mugaritz ->
En guise de pâtes, amarante cuite au bouillon de sardines garni de queues de petites langoustines et de feuilles tendre du potager.
En forme de petites mozzarellas, gnocchi onctueux de fromage " idiazabal " trempés dans un bouillon de salaisons de porc iberique. Contraste de légumes.
Etuvée de ciboules rôties à la moelle cuite et aux herbes fraîches, parfumée avec des lamelles de champignons crus.
Filet de thon recouvert de perle de tapioca cuites au " fond de la barrique de cidre ". Feuilles de basilic exotique.
Grillade de porc ibérique rôti et servi sur une pâte de curry rouge aux feuilles charnues.
Tradition, mer et nuage : petites queues de porc ibérique cuites à l'étuvée, et petites langoustines sautées nappées de la réduction du jus de cuisson infusé au jambon " bellota ".
Feuilles croustillantes au lait, à la crème de châtaignes confit. Sorbet de zestes d'agrumes, eau de fleur d'oranger et cumins.
Figues mûres à la braise de sarment, baignés dans un punch froid au fruits, grains et croûtes.