(Ma participation à l’atelier d’écriture qui consiste à illustrer la photo plus bas dans l’article)
L’été s’étirait avec indolence et le soleil baignait le paysage. Dans son esprit, le souvenir flou des dunes s’esquissait de manière fragmentaire. Ces images, il cherchait à les préciser, comme si avec elles, il parviendrait à atteindre la sérénité qu’il avait atteinte cet été là. Il y a quelques années.
Dans ses muscles il sentait, la chaleur l’envahir, il éprouvait l’effort non sans un certain plaisir, la pente douce.
Presque dix ans en fait s’étaient écoulés. Le temps, liquide, glissait hors de son contrôle. Il pensait aux choix qu’il avait fait, les impasses de la vie, les résignations. Ramener ses rêves à la réalité.
Il se laissait hypnotiser en y pensant, par les bandes blanches qui défilaient à intervalles réguliers, sous ses pneus.
Elle, dans son esprit n’avait pas changé, son calme, son verni glacé, sa laque parfaite, qui contrastait parfois avec sa colère sans limites. Elle se déchaînait alors. Il voulait revoir ses gestes homogènes, le terrain qu’elle gagnait progressivement avant de se retirer. Il souhaitait éprouver son embrassement total, l’harmonie parfaite qu’ils formaient alors, lui en elle, englouti. Il savait que sa douceur se muait parfois en fermeté, en claques surprises qui lui tombaient sur la tête sans prévenir, lui laissant à peine le temps d’une respiration. Mais peu importait. Elle lui avait manqué, et il avait trop soif d’elle.
Avide, il avalait les distances, à chaque coup de pédales.
Ce jour là il avait décidé de faire ce voyage vers elle, et de provoquer leurs retrouvailles. Il voulait sentir l’effervescence de son contact, il cherchait sa subtile salinité, la sensation unique d’oblitération. Il avait grandit et il ne se permettrait pas de faire les mêmes erreurs, de se laisser emporter ou surprendre. Il était prêt à lui offrir son existence, mais pas sa vie. Leur couple devrait éviter les malentendus.
Répondant à l’accentuation de la pente, il appuie davantage sur les pédales. Il redouble d’effort, impatient de l’apercevoir.
L’été se terminerait en rétablissant l’ordre des choses.
Son petit vélo gravit avec fierté la montée. Le soleil étincelle derrière son déshabillé de nuages, son kimono brumeux. Il semble l’encourager en versant sur lui une luminosité chaleureuse et complice. Dans cette communion élémentaire, il sent son sourire s’élargir.
Il a hâte de voir la mer.