Comme une envie de douceur

Publié le 25 août 2013 par Pimprenelle2

Alors, alors que vous savez que plus rien ne sera jamais pareil, bien qu’il en soit toujours ainsi mais que là ce n’est pas pareil, alors que vous vous apprêtez à porter le deuil de votre espérance en des jours meilleurs, que la tragédie se dispute le devant de votre théâtre personnel avec le drame, registres dans lesquels vous découvrez exceller, alors que vous vous soupçonnez de succomber à la tentation de baisser les bras, de se laisser aller, alors vous vous précipitez devant votre miroir, le grand, le dangereux, celui sur pieds, lui délégant toute notre capacité à la réflexion, au dressage de constat.

Inutile de chausser vos lunettes, vous le devinez, la situation est grave. Vous êtes à un âge où vous ne pouvez vous autoriser à vous laisser en jachères. Vous le saviez, vous le constatez.

Alors soudain, contre toute attente, toute logique, vous vous rêvez différente, blonde et douce, vous voulez des paillettes, du bling-bling dans les cheveux. Vous voudriez attirer les regards, que l’on vous traite avec tendresse, accepteriez même de la bienveillance tendance condescendance,  mais ça même sous la torture, jamais vous ne l’avoueriez. Vous vous imaginez  blonde, blonde poussin, pour faire plus juvénile, la tête inclinée sur le côté, tout sourire et sourcil retroussé (un seul pour rétablir l’équilibre), à la terrasse d’un café, sur votre profil facebook.

Vous vous imaginez, dans la peau d’une autre, une autre à laquelle jamais vous ne ressemblerez, vous le savez, vous vous y êtes déjà essayé.

Alors, vous résistez à ce suicide capillaire, première étape vers la lobotomie, la trépanation. Vous vous habillez (de noir), et sortez vous acheter du blush, rose, pour vous dessiner des joues de poupée, et du mascara, violet, et waterproof. Car je vous le rappelle la situation est grave … faudrait pas qu’elle vire désespérée …


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