Cette lecture me laisse sur une impression mitigée. J’ai eu du mal à y accrocher complètement. Les nouvelles sont certes assez variées, et c’est probablement le point fort du recueil, mais cela m’a fait l’effet d’un contenu inégal car certaines ne m’ayant pas plu, j’ai eu l’impression de longs temps morts pendant ma lecture. Pour certaines d’entre elle, je n’ai pas vraiment compris où elles voulaient en venir, j’ai trouvé qu’elles s’éparpillaient beaucoup sans aller nulle part, en essayant de caser parfois dans une nouvelle la même richesse narrative et psychologique qu’un roman, ce qui ne peut être que maladroit.
D’autres cependant savaient avec adresse exploiter l’art de la chute, la surprise sur le fin mot de l’histoire, notamment “Parasite” qui est bien sûr narré du point de vue d’une bestiole dont le lecteur doit deviner la nature, ou encore “Pluviôse” où la jeune narratrice encore dissimule la véritable nature de sa famille. Les nouvelles qui donnent la parole aux animaux réels, comme “La Parole du Rhinocéros” ou “Cobaye #27” sont également réussies puisqu’elles exploitent une réalité que l’on peut reconnaître et invitent à la relativité du point de vue. Mes préférées restent “Un arrière-goût d’éternité” qui revisite à la fois le mythe du Loch Ness et celui de la sirène pour en faire une histoire réellement passionnante, et surtout le fantastique “τρ” (il faut lire les lettres grecques “tau” et “rhô”), réécriture déjantée et géniale du mythe du minotaure, où une vache nommée Pasiphaé donne naissance à un taurillon à corps d’humain (ou un enfant à tête de veau, c’est selon) pour qui l’enfance, l’école, la découverte de la sexualité ou la vie professionnelle seront une véritable épopée.
Néanmoins, dans l’ensemble, j’ai souvent eu une impression d’overdose de métamorphose et de créatures toutes plus bizarres les unes que les autres, comme une surenchère d’effets, là où certaines nouvelles brillaient par leur simplicité et leur ingéniosité. Je crois que le recueil aurait peut-être gagné à être un peu plus court et à moins partir dans autant d’histoire, car dans beaucoup, je n’ai pas réellement senti la promesse d’exploration de l’animalité et de ses rapports avec l’humanité et qu’elle était souvent trop subordonnée au fantastique ou à l’horreur (il faut dire que j’ai adoré les maîtres du genre que sont Kafka, Kessel ou London). L’ouvrage me laisse donc un peu sur ma faim.
La note de Mélu:
Une bonne lecture malgré quelques défauts à mon sens. Un grand merci au forum
catégorie “gros mots”