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CINEMA : Atypique et flamboyant The Congress de Ari Folman

Par Misteremma @misteremma

Inspiré d’un roman du grand auteur de science-fiction Stanislas Lem (auteur de Solaris, maladroitement adapté au cinéma à trois reprises), The Congress raconte l’histoire de l’actrice Robin Wright, qui campe ici son propre rôle. Le film est divisé en deux parties, l’une mettant en scène de vrais acteurs, et l’autre en dessins animés.

Robin Wright fait preuve d’une immense capacité d’auto-dérision, tant la première partie est essentiellement consacrée à lui rappeler à quel point sa carrière n’est qu’une succession de choix mal avisés. Les émotions, comme dans Valse Avec Bashir, sont mises en veilleuse. Cette retenue renforce l’aura tragique qui enveloppe l’actrice : le choix auquel elle est confrontée n’en est pas un, elle est obligée d’accepter la proposition de son studio. Elle est donc intégralement scannée, et son image devient la propriété des studios de cinéma. À l’heure des batailles de copyright et de la disparition de la notion de vie privée, l’idée que notre image pourrait à terme devenir un produit détenu par une multinationale dépasse largement le cadre du cinéma. Au fond, ce film est donc l’expression d’une angoisse universelle ; il renvoie à la définition même d’humanité.

Le passage du premier volet en ‘live’ au deuxième, animé, est réussi. On est embarqué dans un trip psychédélique à la fois déroutant et spectaculaire. Les couleurs chatoyantes et les personnages grotesques offrent un contrepoint original à la gravité du propos. Les humains se perdent dans un univers magnifique, qu’ils peuvent modifier à souhait et auquel ils peuvent donner toutes les formes. Le dessin est superbe, et les innombrables références à la pop-culture ainsi que la richesse des scènes en arrière-plan donnent envie de se repasser la seconde partie, pour revoir les interprétations satiriques de Steve Jobs, Tom Cruise ou encore Grace Jones.

Le contraste entre la première partie, terne et contemplative, et la seconde, effusion colorée et pleine de rebondissements, est déroutant. À de nombreux égards, on a l’impression de regarder deux films différents, l’histoire des deux parties ne se rencontrant que dans un chapitre final particulièrement réussi. C’est d’ailleurs la fin qui nous réconcilie de cette dissonance qui ne plaira certainement pas à tout le monde.

Trip psychédélique et un peu élitiste, The Congress semble avant tout s’adresser au petit monde du cinéma. Cependant, les thèmes développés dans le film trouvent un écho bien plus large, et donnent à ce film atypique et original la qualité de film de science-fiction à part entière, grâce à l’interprétation originale du roman de Stanislas Lem. Il faudra cependant s’armer de patience pour surmonter les deux heures que durent le film.

The_Congress_Affiche

Pour sauver sa carrière déclinante, l’actrice Robin Wright accepte se faire scanner par les studios de cinéma Miramount, qui possèderont ainsi le copyright sur son image. Seule condition : renoncer définitivement au métier de comédienne. Vingt ans plus tard, Wright se rend à un congrès sur l’avenir de la société virtuelle, dont elle fait désormais involontairement partie.

Sortie : 14/08/2013
Durée : 2h02
Année de production : 2013
Genre : Science-Fiction
Origine : France, Belgique, Allemagne
Réalisateur : Ari Folman
Acteurs : Robin Wright, Paul Giamatti, Jon Hamm


Interview : Ari Folman by Annecy Festival


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