Mélanges hebdo 34/13

Publié le 25 août 2013 par Egea

Le Monde2 (le supplément hebdo du Monde, qui est aux bobos chics ce que le FigMag est aux Bopasbo mais chics aussi, et tous friqués) fait donc sa couverture avec Gérard de Villiers. Ce qui prouve plusieurs choses : d'une part, que le kitsch est décidément à la mode chez les bobos (manque plus qu'ils nous expliquent que la Grande motte, c'est tendance...) ; d'autre part, que si le New York Times a dit que c'était intéressant, alors le Monde peut jouer les "avant-garde" française pour expliquer au bon peuple que Villiers, c'est un peu Céline, quoâ. Bon, quand je parle de Céline, je pense non au maroquinier mais à Louis-Ferdinand : des idées infréquentables, "mais un style, une imagination, une prolixité". Bref, on va refaire avec SAS ce qu'on a fait avec SanA. Plus sérieusement, à force d'être ringard et de défendre l'Occident de papa et surtout des États-Unis fantasmés, Gérard apparaît comme "de bon goût" au journal moraliste et dispensateur des tendances comme il faut. Quant à moi, j'ai vainement essayé de lire le dernier opus à Kaboul : je n'ai pas pu terminer le tome 1. A part les dix premières pages qui marquent une vraie description géopolitique, le reste n'a strictement aucun intérêt. Héros à l'épaisseur psychologique du nanomètre et demi, intrigue d'une pauvreté calcuttesque, scènes "torrides" répétitives. Assommant. Et ce serait le gars le mieux informé du monde ou au moins de Paris ? et les spécialistes du quai d'Orsay le liraient systématiquement... ? Bon, pour ce dernier point, ceci explique bien des choses, vous me direz. Mais décidément, il y a de quoi rire, à lire Le Monde ! Pour le reste, si vous êtes intéressés par la géopolitique, vous pouvez vous passer de SAS.

Avis news et bric-à-brac

19 août : 5 ans après l'embuscade d'Uzbeen, un in memoriam. Et une bonne nouvelle : la France a traité les derniers commanditaires de l'embuscade d'Uzbeen.

L'influence, c'est choisir le vrai qu'on va dire. Car il n'est bien sûr pas question de mentir. Juste de choisir. Le choix, comme toujours au cœur de la stratégie.

Conférence de presse d'Obama sur la NSA : en annonçant qu'il allait "réformer" le système (avec des propositions dont chacun a pu noter le vide), le président américain a au moins reconnu qu'il y avait un problème avec la NSA. Au début, on nous expliquait que puisque c'était légal, et puisque les services de renseignement écoutent, et que tout le monde fait ça, et que si on n'a rien à cacher on n'a rien à craindre, et que la guerre contre le terrorisme, et que... bref, ce n'était pas si grave, après tout. Mais en reconnaissant qu'il y a un petit problème (Houston ?), Obama rend d'une certaine façon justice à Snowden. Quant au silence français, il est assourdissant ! Surtout quand on compare avec l'Allemagne (bon, ce n'est pas non plus la grande révolte des droits civiques, hein!, mais quand même, ils en parlent, eux).

Tel responsable déclare : "L'objectif, c'est de tracer un cap". J'en ris encore ! Cap et objectif sont synoymes. Donc, l'objectif c'est de définir un objectif. C'est un bon commencement, le début d'une démarche stratégique.... même si on n'a pas gagné.

On me transmet cette définition d'Henri Monnier : « La stratégie consiste à continuer de tirer pour faire croire à l'ennemi qu'on a encore des munitions ».

Mouvements erratiques de la position extérieure de T Erdogan (voir ici) : après une rupture, un vague rapprochement, voici à nouveau une déclaration à l'emporte pièce. Vous me direz, dans la région, il y a tellement de gars qui n'ont plus de vue stratégique et qui naviguent même pas à vue, mais ballotés par les événements !

Manning 35, Moubarak 2.

Retourner notre compréhension de la dissuasion. De deux façons.

  • D'une part, considérer que nous ne sommes pas les raisonnables, mais les fous, dans l'affaire ! Les autres, aujourd'hui, sont en train de nous considérer comme non-raisonnables
  • D'autre part, considérer que la dissuasion française ne visait pas les Russes, mais les Américains : les gars, si les Sov attaquent, nous on balancera, donc vous serez mouillés et obligés de venir. La bombe française est le moyen de forcer le couplage, alors que tout le monde a dit le contraire. Autrement dit, une dissuasion du fou au fort. Ça a marché. Non pas gagner l'indépendance, mais forcer la dépendance américaine à l'Europe, et casser l'isolationnisme de Washington. Revanche de 1919.

Colonel Rémy : le fait que nous ne soyons pas d'accord ne veut pas dire que vous n'ayez pas raison. Voici une excellente ligne intellectuelle, digne d'être la devise d'égéa.

Alors que pour une fois, il y a tout un tas de crises (Égypte, Syrie), et que BHL ne dit rien, voici que tout le monde se moque de lui, puisque "BHL fait des trucs". Ya pas de justice. Il parle, vous gueulez, il se tait, on dirait qu'il vous manque !

Certains commentent les déplacements de navires en Méditerranée orientale. Faut il rappeler qu'une flotte de guerre sert aussi à la "diplomatie de la canonnière" renommée gesticulation de force ou, pour les amateurs de novlangue, show of force. Je ne sais à qui on montre et devant qui on gesticule. M. Assad ? Ou l'opinion publique occidentale, histoire de dire qu'on fait quelque chose ?

Égypte. Manifestations des FM sous contrôle et sans incidents voir ici. Le général Sissi aurait il gagné son pari?

Ce matin, le cinq millième commentaire est posté sur egea. Merci à tous d'enrichir le contenu par vos remarques judicieuses, d'autant que je n'ai que très rarement besoin de sévir et de jouer au chasse-couillon.

Articles

  • Géopolitique de l'eau, par A. Chauprade
  • Une « Défense Active » pour lutter contre les attaques ciblées ? par N Caproni
  • Two Chinese military websites are attacked by US hackers Bon, pas forcément ce qu'il y a de plus convaincant, mais disons que ça change de ce qu'on entend habituellement.
  • //Venise plus que Venise, pas Polemos.

Parutions

  • Sécurité et stratégie n13 juin septembre. Dossier sur la sécurité privée dans le monde.

Film Michael Khoolkas. Méditation sur la justice et sur la guerre privée. Belles images, peu être trop contrastées. Manichéen au début, gagnant ensuite en subtilité. Lent, et donc trop long de 20mn, mais intéressant.

O. Kempf