Je m'appelle Yasmine, j'ai 25 ans et je suis auteure de mangas depuis 2 ans. Je n'ai pas fait de formation particulière, c'est par le biais d'album comics sur lesquels j'ai travaillé que j'ai connu Glou. On a ensuite créé un collectif et on a eu notre premier magazine de prépublication franco-japonaise : Akiba Manga. Par la suite, on a créé un recueil avec l'aide de Kazé sur le séisme qui a eu lieu au Japon.
Qu'est-ce qui vous a poussé à participer à ce projet ?On a été touchés indirectement et notre projet se démarque car nous avons directement travaillé avec des dessinateurs japonais. Ainsi, on a pu prendre conscience de l'impact que cela a eu sur eux. Comme nous avons une profonde admiration pour leur culture et par solidarité, il était important pour nous de participer à ce projet qui pouvait avoir un impact en France et au Japon. On a pu faire le pont avec les occidentaux pour montrer que malgré la réserve et le calme des japonais, il y avait beaucoup de dégâts et qu'il y avait des choses à faire pour les aider. Est-ce un choix que d'avoir fait une histoire avec peu de texte et dans laquelle les émotions passent essentiellement par le dessin ? Cela me ressemblait énormément car partant du fait que c'était un projet important et que pour toucher les gens, il fallait se sentir soi-même habité par une grande douleur. C'est ainsi que j'arrive à illustrer mes émotions par des scénarios et à être dans la véracité. De ce fait, le fait d'avoir un personnage féminin seule dans la ville silencieuse qui finit par être elle aussi rongée par ce silence, c'était pour moi la meilleure manière de réellement m'identifier à une victime du drame. Ainsi en montrant une histoire la plus vraisemblable possible je pensais toucher les gens. On peut donc dire que l'héroïne de l'histoire réagi comme vous auriez réagi ?Oui totalement. Je me suis tout d'abord approprié l'environnement et j'ai créé les prémices d'un personnage en ayant en tête deux ou trois traits de caractères. Il fallait que je sois habitée par son environnement et son univers comme il n'y allait pas avoir d'interactions avec d'autres personnages. De ce fait, je ne pouvais jouer que sur de la narration. Par la suite, je me suis renseigné sur la localisation de la ville, les activités et les loisirs que l'on pouvait y trouver. Tout ceci fut la première étape. La seconde a été de vraiment constituer un environnement et d'y intégrer le personnage avec mes propres émotions. Il y a donc de fortes chances qu'à sa place, j'aurai ressenti la même chose.Pourquoi avoir choisi une jeune fille ? La jeune fille c'est l'espoir d'une civilisation et elle est assez adulte pour prendre conscience des différents impacts que cela va avoir sur elle et sur la ville. Elle souffre en l'unissons avec une ville, chose qu'un enfant ne pourrait pas faire. Il y a une double césure avec le fait d'avoir pris la décision de partir et le fait de se dire : Je suis seule et je ne sais pas si ma famille a survécu. C'est aussi pour montrer ces différents sentiments que peuvent ressentir une victime. C'est l’interlocuteur direct de la ville car elle pense à cette dernière avant de penser à sa famille. Vous transmettez donc un message à travers cette jeune femme ? Oui, toute la culpabilité et la complexité que représente d'être victime d'une tragédie. Ainsi, on se rend compte que les souffrances sont complexes ce qui est intéressant pour pouvoir comprendre tout ce que ressentent ces victimes et ainsi mieux se connecter à leur douleur et ainsi créer plus d'empathie. Combien de temps vous a pris ce projet ?Cela m'a pris une heure et demie. Cela n'a pas été difficile en tant que personne vivant en France de parler de quelque chose qui a eu lieu au Japon ?Oui car on ne voulait pas s'approprier leur histoire, on voulait garder notre position d'auteur en France qui n'était là que pour faire le pont entre la Japon et l'Occident. Cela fut difficile car on ne pouvait pas se rendre compte sur place de ce qui c'était passé et on n'a pas réellement conscience de ce que ça peut être que d'avoir des images pareilles dans la tête. C'est donc difficile de prendre leur place. Cependant c'est aussi le travail d'un auteur que de faire preuve d'empathie. Pour ma part cela a été un don de soi. En ce qui me concerne, cela n'a pas été difficile car j'y étais complètement. Quels sont vos projets du moment ?On a envie de s'autoproduire. On a construit des projets auxquels on croit car on a une équipe de scénaristes et de dessinateurs. On se fait confiance et on a envie d'avancer ensemble et de faire le pont entre le Japon et la France. Quand on a voulu parler du nucléaire, aucun éditeur n'a voulu nous suivre. On compte avoir des scénarios plus ludiques avec des shônens, shôjos... et aussi des projets plus profonds. Je remercie Yasmine qui a bien voulu prendre le temps de répondre à mes questions et Glou qui m'a permis de faire cette interview.
Lors de Japan Expo 2013, j'ai pu rencontrer Yasmine qui est la scénariste de l'histoire : La Survivante du recueil Japon un an après - 8 regards sur le drame.Voici l'interview qu'elle a bien voulu m'accorder : Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre parcours ?