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Qui Valls stopper ?

Publié le 24 août 2013 par Copeau @Contrepoints

Manuel Valls parait inarrêtable et omniprésent dans les médias et sur le terrain, dans les idées et dans les polémiques.

Par Éric Essono Tsimi.

Qui Valls stopper ?

À moins de quatre ans de la prochaine échéance présidentielle, Manuel Valls est sur toutes les lèvres. Devant la fronde que ses propos ont suscité dans son propre camp (et rien que dans celui-ci), on a envie de dire qu’il n’y a pas de mal à être le mal vu d’un gouvernement aussi impopulaire.

Valls parait inarrêtable et omniprésent dans les médias et sur le terrain, dans les idées et dans les polémiques. Un ancien ministre de l'Intérieur, dès fin 2003, soit quatre ans avant son sacre de 2007, était déjà en campagne. La configuration s'y prêtait, la succession, à droite, du président Jacques Chirac étant officieusement ouverte. Les tendances qu'indiquaient les sondages dès 2003, au sujet des deux principaux candidats, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, n'ont fait que se conforter au fur et à mesure du temps qui est passé. Avec une meilleure entrée de Ségolène et, dans le rush, un sprint magnifique de Nicolas Sarkozy.

Avec Anne à ses côtés, les fausses notes se feront rares

Avec une violoniste aussi douée qu’Anne Gravoin à ses côtés, c'est sûr que les fausses notes se feront rares. Aujourd'hui, Manuel Valls est sans conteste le ministre préféré des Français. Sauf catastrophe ou scandale à la DSK-Uzac, il devrait le rester longtemps encore. Il convainc une majorité de Français pour ce qui est de son action, il soigne bien sa communication pour ce qui est de son image, et la cohérence de son ascension lente séduit.

Il a une gueule de jeune premier mais n'en a pas l'inexpérience, il a des idées qu'on peut retrouver sur le plancher de la cuisine de Marine Le Pen mais n'est surtout pas ni un extrême ni hors du système. Il sait mettre en scène des désaccords avec Christiane Taubira, mais c'est toujours une semaine après avoir fait le buzz pour un baiser surjoué à son épouse.

Manuel Valls est en train de transcender les clivages. Les médias suivent avec gourmandise celui qui sera bientôt le chouchou politique des Français. François Fillon qui le devance d'une courte tête, dans un sondage paru il y a deux semaines dans Les Échos est surtout populaire quand il ne fait rien... Pas sûr que ses amis Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé l'aident à tenir la distance.

La défaite n'est pas une renonciation

Dès lors, une nomination de Manuel Valls comme Premier ministre, après Jean-Marc Ayrault, ne servirait pas son ambition. Parce que, dans la perspective de 2017, elle le lierait pieds et poings. Comme en 2010, Nicolas Sarkozy avait lié François Fillon en le reconduisant comme Premier ministre.

De tous les anciens candidats à la candidature présidentielle du parti socialiste, il reste celui dont la courbe sera restée le plus longtemps ascendante, régulière : Aubry est disparue des radars politiques (même si elle reste plus populaire auprès des sympathisants de gauche), Hamon et Montebourg font une grande majorité de mécontents, Fabius est assez constant mais très devancé.

La jurisprudence Balladur (et aussi Chirac en 1988, Jospin en 2002, tous ont échoué) fait dire que les Premiers ministres qui se présentent contre le président de la République sous lequel ils ont été chef du gouvernement se font régulièrement dominer.

Au cas où les sondages ne s'amélioreraient pas pour François Hollande, Manuel Valls s'imposera comme le candidat naturel du bon sens, il aurait l'obligation morale de se présenter, contre la droite, en dépit de la gauche, mais pour la France.

"Français de relativement fraîche date" ?

Manuel Valls a perdu aux primaires socialistes, cela n'a pas pu lui ôter ses idées de diriger la France. Il n'a donc jamais renoncé à être un jour président de la République française. Si, à la présidentielle de 2017, il ne peut pas transformer sa cote de popularité en intention de votes, il n'est pas sûr que dans neuf ans, il soit toujours l'une des personnalités politiques préférée des Français. Comme qui dirait : souvent opinion varie, bien fol est qui s'y fie sur le long terme.

Sous Nicolas Sarkozy, la droite, qui s'était habituée à recruter à gauche, devrait peut-être faire appel à Manuel Valls, pour la représenter en 2017, une idée comme une autre, pas plus absurde que l'échec de l'UMP à se trouver un leader. La floraison des candidatures aux primaires de 2017 et la multiplication des inconnues et des paradoxes rend toute analyse aléatoire.

Le principal fait d'armes de l'UMP depuis le départ de Nicolas Sarkozy est le comblement grâce à Nicolas Sarkozy du passif de la dernière présidentielle. De même le principal chantier de l'UMP est-il encore le droit d'inventaire de ce même Nicolas Sarkozy. Qu'ils continuent de se curer le nombril à droite.

Un socialiste trop à droite

Manuel Valls compte les points et se rase tous les matins, avec cependant une double critique à laquelle il finira bien par faire face : à droite, celle de sa nationalité française relativement récente, et à gauche, on pourrait l'encarter comme l'immigré qui mène la vie dure aux immigrés auxquels il veut empêcher de se regrouper.



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