On avait préparé de la sangria à huit mains. On avait monté les tentes, gonflé les matelas. On avait fait le tour du propriétaire, pris nos quartiers respectifs. On avait partagé le premier apéro, le premier repas. Il y avait des mots doux, un peu de stress, des tonnes de bonne humeur. On avait parlé, bu, ri tard dans la nuit.
Au matin il y avait les tonnelles et les chaises, les assiettes colorées, les pétales de roses sur les tables, les dizaines de verres. La file devant la porte de la salle de bains. Les tresses et les fleurs dans les cheveux. Le chien échappé à travers la vigne, les paniers de fleurs oubliés, la course dans le chemin caillouteux pour les récupérer. Les quelques minutes de retard réglementaires, les présentations, les retrouvailles.
Les oui.
Les applaudissements. Les baisers. Les félicitations. Les pétales de roses qui s’envolent. Les voeux de bonheur. Les fleurs. Les klaxons, juste en dehors du village, sur le petit parking en bordure de forêt, parce qu’il aurait détesté se faire remarquer, mais qu’on n’allait pas le louper tout de même.
Les verres qui tintent aux amoureux, à cette famille de bric et de broc. Les photos sous le grand chêne, un vieil arrosoir qui traînait sous le robinet transformé en vase pour les lys qui embaument. L’amour rend beau, les sourires aussi dans les yeux.
Les enfants et petits enfants qui sortent leurs instruments pour un petit concert surprise presque improvisé, les chants. Les jeux sous l’arrosoir automatique, il fait si chaud en Provence. Les rires. Les histoires. Les petits mots dans la boîte à souvenirs. Le soir qui tombe, et nous sommes toujours à table, ou autour. Les mots d’amour, la chanson, les larmes d’émotion qui coulent autant que le rosé local.
Opérationg Sopalinggg! crie le voisin-ami, pour sonner la trève émotive.
Alors on se ressert encore un verre, on esquisse encore quelques pas de danse au son de l’orgue de barbarie qui a tourné toute la journée – les enfants, les amis se sont relayés. On s’embrasse encore, et puis on regagne la maison pour dormir quelques heures. Demain la fête encore, demain la musique, demain la vaisselle, les tours de balançoire et les matches de badminton sur les restanques, demain le comptage des piqûres de moustiques.
Il n’y a décidément pas d’âge pour être heureux.