Désinhibé par sa popularité et par le sentiment d’être en phase avec une
grosse majorité de la population, il n’hésite pas à affirmer haut et fort des
convictions dont il sait pertinemment qu’elles vont exciter une partie de la
gauche.
Et comme on pouvait s’y attendre, sa contestation du projet de Christiane
Taubira ou ses dernières sorties sur les flux migratoires et le regroupement
familial n’ont pas manquées de provoquer de
très
virulentes
réactions.
Ce n’est pas vraiment nouveau. Rappelons-nous de précédentes sorties d’avant
la Présidentielle sur les 35 heures qu’il voulait « déverrouiller »
ou sur la
TVA sociale dont il se faisait l’apôtre qui avaient, elles aussi, beaucoup
fait
réagir. Déjà, injure suprême, l’impudent avait été accusé par ses camarades
socialistes de reprendre à son compte des idées de droite.
Certes, en pratiquant de cette manière, Manuel Valls prend le risque
d’attiser les tensions au sein du gouvernement et plus largement au sein de la
gauche. Déjà que les relations avec le Front de Gauche de Mélenchon peuvent
être qualifiées d’exécrables et que les Verts ne ratent pas une occasion de
marquer leur désaccord avec la politique du Gouvernement, que l’éviction de
Delphine Batho a jeté un froid, que Moscovici et Montebourg se regardent en
chiens de faïence et que les relations avec Taubira ne sont pas au beau fixe,
fallait-il en rajouter ?
Manuel Valls sait pertinemment que tenir de tels propos c’est comme agiter
un chiffon rouge devant un taureau bien chaud. En fait, il n’en n’a cure.
Fidèle à son positionnement original au sein du Parti Socialiste, il veut
rester dans son personnage de socialiste moderne décomplexé et, tant sur le
plan économique que de la sécurité, débarrassé d’une idéologie qu’il juge
obsolète.
D’une certaine manière il applique la tactique du Nicolas Sarkozy ministre
de l’Intérieur: autorité, culot et activisme.
Il faut dire que le boulot de Ministre de l’intérieur est ingrat. Alors que
le travail de fond pour combattre le crime et la délinquance est long et peu
visible, les actes criminels, eux, sont hyper médiatisés. S’il veut donner
l’impression d’agir, il doit se montrer, et compenser sa frustrante incapacité
à empêcher le crime par des discours de grande fermeté.
Cette tactique a un double intérêt, donner l’impression par son omniprésence
qu’on agit efficacement contre le crime et se donner une image d’homme fort et
ferme dans ses convictions. Image que les français apprécient. Accessoirement,
comme Sarkozy en son temps, cela lui permet de matérialiser une rupture par
rapport à l’habituel discours de son camp.
Rendez-vous dans 4 ans pour voir si la comparaison s’arrête là !