MyChildrenPlanet a rencontré Sonia Colasse, auteur et créatrice de la société d’édition Solo Infinity basée en Californie.
Ensemble, nous avons échangé sur la création des livres bilingues et leurs atouts pour l’apprentissage d’une langue étrangère ainsi que sur leur déclinaison en version numérique.
-
La naissance du projet
.Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis une maman de quatre enfants et auteur de livres bilingues. Je suis française, mais je vis depuis les cinq dernières années aux États-Unis. J’ai commencé à écrire de la poésie quand j’avais neuf ans. Quelques années plus tard mes poésies se sont transformées en chansons.
J’ai commencé des études en psychologie enfantine, mais j’ai vite perdu tout intérêt pour cela. J’ai plongé la tête la première dans une carrière en tant qu’animatrice dans les centres communautaires et les camps d’été, entouré d’enfants de 4 à 12 ans. Au fil des ans, j’ai gagné ma certification en tant que formatrice. J’ai cependant, toujours rêvé de tenir un stylo dans la main. J’ai continué à écrire des poèmes jusqu’à ce que les lignes transformées en paroles soient repérées par Roger Loubet, un compositeur, et que nous formions un partenariat sur l’album de Marina Martinez. Une fois en Californie, mon bébé est arrivé et j’ai évolué en écrivant des livres pour enfants. Même si cela ne m’empêche pas d’écrire pour les adultes. J’ai commencé l’écriture d’un roman il y a plusieurs années sans le terminer. J’ai l’espoir de trouver le temps de le finir !
.Pouvez-vous nous présenter votre projet ?
Le projet consiste à faire découvrir les langues étrangères aux enfants tout en continuant d’apprendre leur vocabulaire maternel. La capacité de parler plusieurs langues est une vraie richesse dans notre société. Nous vivons dans un monde globalisé et dynamique dans lequel nos enfants doivent être compris et acceptés dans n’importe quel pays où ils se trouvent. Par conséquent, ils doivent apprendre à comprendre la langue du pays ainsi que sa culture.
Nous devons préserver les valeurs simples vite oubliées dans notre monde moderne et surtout ne pas oublier que nous avons tous une petite étoile au-dessus de notre tête ! Il est important de savoir s’en servir à bon escient et de continuer de protéger notre culture maternelle.
Nous avons créé notre société d’Édition en partenariat avec mon époux.
Laurent, mon mari est devenu le propriétaire des dessins de Sarah Bainton, illustratrice des aventures d’Enzo.
Notre équipe se compose essentiellement de trois personnes :
- le fondateur mon époux Laurent,
- Sarah la créatrice des dessins
- et moi-même, l’auteur.
Nous avons un désigner (prochainement le calendrier 2014) et un consultant pour le bon maintien de notre site. Mon assistante Mélissa nous quitte prochainement pour continuer ses aventures professionnelles. Elle a été un très grand soutien.
Une anecdote : Sarah a créé ses dessins en 1999 avec la naissance de son premier enfant, elle a lancé sa première ligne de vêtements avec le personnage d’Enzo et ses amis les signes du zodiaques comme cadeaux de naissance.
De mon côté, j’ai écrit la première histoire d’Enzo à la naissance de mon dernier enfant, 10 ans plus tard en 2009.
Je trouve amusant 10 ans plus tard de réutiliser des dessins enfermés depuis tout ce temps dans un tiroir et de les faire vivre de nouveau. Et le tout, grâce à la naissance de nos enfants !
Ce qui m’a le plus marqué professionnellement c’est le partage, la complicité et la facilité de compréhension entre Sarah et moi-même.
Je guide Sarah dans le choix des dessins et tout est fait naturellement. Elle reste créative en souhaitant recevoir des instructions. Nous ne prenons pas la place de l’une et de l’autre, chacune à son rôle et personne n’est au-dessus de l’une ou l’autre.
Humainement, c’est lorsqu’une ancienne institutrice américaine de français de 85 ans est venue par curiosité me rendre visite lors d’un évènement promotionnel. Elle a feuilleté toutes les histoires, prenant le temps de lire chaque page. Elle gloussait comme un enfant qui découvre pour la première fois un livre fantastique. L’une des histoires lui rappelait un souvenir passé. Elle termina sa visite en partageant avec moi ses émotions, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas lu des histoire si marrantes et si imaginatives.
-
Un héros, Enzo, et ses aventures : la conception en détails
.Pouvez-vous nous parler d’Enzo et de ses aventures ? Pourquoi avez-vous choisi les signes du zodiaque ?
En collaborant avec Sarah Bainton, j’ai pu découvrir ses dessins et ainsi construire les aventures d’Enzo. J’ai trouvé amusant de partager les signes du zodiaque avec les enfants sans leur parler de l’astrologie.
Le protagoniste de la série est un garçon fantaisiste et imaginatif. Je me suis inspirée, pour ce héros, de mon plus jeune fils Enzo. Il part à la découverte de son monde sous l’oeil vigilant de sa bonne étoile. La série tourne autour des douze signes du zodiaque, Enzo rencontre donc des animaux et découvre des objets. Les histoires suivent les saisons de l’année.
.Comment se passe la création d’une aventure ? Quelles sont les principales caractéristiques de vos histoires ?
Je me laisse guider par mon inspiration, mes humeurs du jour et surtout j’écris toujours avec plaisir. Je ne vais jamais me forcer à écrire pour le simple but qu’il faut écrire.
Je peux rester des semaines sans écrire un mot comme je peux écrire une journée entière sans m’arrêter.
Nous souhaitons mettre des messages dans les histoires, afin que les enfants et leurs parents vivent une belle aventure tout en suscitant leur imagination. Mais, nous ne voulons pas écrire des moralités. Nous pouvons amener des conseils et donner notre avis mais nous ne sommes pas là pour apporter la bonne parole, ce n’est pas notre rôle.
.Vous mettez l’accent sur les valeurs de la vie, pourquoi ce choix ?
En effet, à travers mes enfants qui grandissent, je découvre au fil du temps que le monde moderne nous envahit et pas toujours positivement. Par exemple, nous pouvons constater, ici, en Californie que les enfants arrivent chez vous sans dire bonjour. Ils peuvent ouvrir votre réfrigérateur sans demander la permission. J’ai donc pensé à mettre en avant dans les histoires :
- la patience, avec La naissance d’Enzo,
- l’écoute des autres avec La visite des jumeaux,
- le respect avec Une journée avec Mademoiselle cancer,
- le non-jugement dans Un lion pas comme les autres,
- l’importance d’apprécier les bons moments dans Enzo dans les nuages,
- le mensonge, une faute avouée est à moitie pardonnée, dans Enzo fait des bêtises,
- la possession dans Enzo adopte un scorpion,
- l’ennuie dans Enzo s’ennuie,
- l’amour dans Enzo et son premier Noël,
- la prévenance envers les autres dans Enzo et le bonsaï,
- le respect de la nature dans Enzo en pleine nature,
- le partage sans compter dans Bébé Enzo et le bébé agneau.
.Comment sont distribués vos lives ?
Nous publions les livres nous-mêmes. Ils sont imprimés à la demande par la société Createspace et distribués par le groupe Amazon, Itunes et Kindles. Prochainement d’autres groupes vont nous rejoindre.
Les livres sont disponibles pour tous les enfants. Nous démarcherons les écoles. Les livres sont aujourd’hui proposés comme des idées de cadeau de naissance, d’anniversaire et tout autre évènement de la vie. Ils sont aussi proposés dans les librairies et dans les boutiques de musée.
.Avez-vous des demandes spécifiques de la part d’organismes ?
Je n’ai pas reçu de demande spécifique. Notre dernière commande de livres est pour un hôtel de Tahiti. Il souhaite, à l’arrivée sur l’ile, offrir aux enfants les livres d’Enzo et son premier Noël qui parle de Tahiti.
.Avez-vous des retours sur vos créations ?
Oui bien sûr, plusieurs commentaires sont publiés sur notre site.
Vous pouvez lire les critiques d’un auteur, d’un professeur de français, des blogueurs et surtout une critique littéraire bilingue.
-
L’apprentissage des langues étrangères en Californie
.Comment se passe l’apprentissage des langues étrangères en Californie ?
Au quotidien, il y a l’écoute de chansons et de conte, la mise en place de jeux et de discussion, de la maternelle au primaire. Ensuite, arrive la littérature au collège et lycée. Les enfants apprennent les règles de conjugaison et de grammaire. Ils écoutent la langue par l’intermédiaire de film et participent à des discussions.
Cependant, les enfants reprochent souvent les méthodes plus classiques enseignées en primaire. Il est plus facile de mémoriser une conversation que d’apprendre par les cahiers. Il en est de même avec le vocabulaire.
.Quels sont pour vous les points positifs et négatifs de cette méthode d’apprentissage ?
Le positif, c’est justement d’apprendre en jouant. Le négatif, c’est de vouloir imposer la littérature, qui est ennuyeuse.
.Qu’en pensez-vous ? Que préconiseriez-vous ?
Je souhaite sincèrement que l’académie américaine revoit sa méthode. Il n’y a pas d’âge pour apprendre en s’amusant !
-
Le choix du numérique
.Vos créations sont disponibles sous tablettes, pourquoi ce choix ?
Oui, nos livres sont sous tablettes et disponibles depuis quelques mois.
Ce choix est indispensable quand on sait que la plupart des foyers Californiens ont au minimum 2 tablettes en leur possession. Les écoles internationales pensent s’en servir en classe. Et que le côté pratique est bien présent, une tablette ne prend pas de place contrairement à une valise remplie d’une tonne de livres.
.Pouvez-vous nous parler des consultations ? Allez-vous développer d’autres outils/supports numériques ?
Les retours sont positifs. Nous préparons la version Ebook-langage sur ITunes. Chaque histoire sera lue et les enfants, comme leurs parents, pourront sélectionner la langue de leur choix. Par la suite, nous souhaitons que les histoires soient enregistrées par la famille ou amis comme cadeau. Nous pensons aussi adapter le coloriage sur les tablettes.
.Quels sont pour vous, les enjeux du numérique dans l’apprentissage des enfants ? Au niveau de l’apprentissage des langues étrangères ?
Une tablette est transportable, elle est de petite dimension, prend peu de place et est facile à utiliser. Contrairement à un récepteur radio.
A mon avis l’écoute est très importante. Les mots, la compréhension d’une histoire se fait aussi par l’écoute. Et si nous pouvons combiner la lecture en même temps qu’une écoute, je trouve cela géniale.
Lire soit même est très bien, mais écouter une histoire est aussi importante. L’enfant part généralement dans un autre monde et peut mieux développer son imagination.
Quant à l’apprentissage des langues étrangères par tablette, elle est nécessaire et indispensable pour la prononciation des mots. L’enfant peut visualiser les mots écrits tout en connaissant sa prononciation.
De plus, par l’intermédiaire de tablette nous pouvons revenir sur une phrase quand elle n’a pas été comprise ou sélectionner un mot dans certaine version numérique. Ceux qui est plus profitable aux enfants ainsi qu’à leur parent.
.Pour vous, est-ce que les enfants doivent-être sensibilisés au digital dès le plus jeune âge ?
Je ne pense pas que les enfants doivent être sensibilisés au matériel numérique dés leur plus jeune âge. Nous pouvons accéder à une tablette numérique par progression et avec vigilance. Nous ne souhaitons pas non plus robotiser nos enfants.
La tablette devrait être présentée comme un outil scolaire dans les écoles, pour aider les enfants dans leur apprentissage. Dans une vie quotidienne, ne pas oublier de donner des consignes, des règles de basse pour une meilleure utilisation et surtout une durée de temps à ne pas dépasser. Les enfants comme les adultes perdent très vite le fil du temps et deviennent accro.
-
Pour la suite…
.Quels sont vos futurs projets pour Solo Infinity ?
Les chansons des aventures d’Enzo sont en préparation. Il y a déjà une nouvelle série écrite sur le thème du zoo, mélangeant l’imaginaire et le réel. Il y aura un passage sur la vie de chaque animal.
Et j’ai été contactée par l’Institut Pasteur de Paris pour un nouveau projet que je ne peux pas encore dévoiler.
.Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur ?
Que les enfants de la terre qui seront aussi les adultes de demain se comprennent et se soutiennent. Qu’ils apprennent l’égalité, même si nous ne sommes pas tous de la même couleur de peau ou de la même religion. L’apprentissage d’une langue étrangère leur permettront de gagner le respect et la compréhension des autres.
.Si vous deviez résumer ce projet/cette aventure en une phrase, quelle serait-elle ?
La plus belle des aventures est de souhaiter que tous les enfants de la terre soient égaux à travers des récits multipliés par différentes langues.
Nous remercions Sonia Colasse pour nous avoir accordée cette interview et nous lui souhaitons beaucoup de réussite pour la continuité de ce beau projet.
Les liens pour en savoir plus :
- Site Solo Infinity
- Réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Google+ & YouTube
MyChildrenPlanet